LGBT, inclusif et "un peu sexy" : le calendrier des rugbymans du club parisien "Les Gaillards" se dévoile

Des joueurs dévêtus, des corps qui s'enlacent… À l'occasion de la publication du nouveau calendrier des Gaillards, retour sur l'histoire de la première équipe inclusive de rugby amateur en France, créée il y a 21 ans.

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Les photos sont "dans la même veine que 'Les Dieux du stade' avec les joueurs du Stade français", présente le président des Gaillards, Vianney Mosser. Basé à Paris, le club de rugby inclusif LGBTQI+ vient de mettre en vente son nouveau calendrier. L’édition 2025 de cette publication annuelle propose des clichés du photographe Christopher Barraja, connu pour son portrait d’Antoine Dupont - star du Stade toulousain, et multiple champion de France et d’Europe en rugby à XV - en couverture du magazine Têtu.

"La première édition date de 2014, raconte Vianney Mosser. La priorité est de récolter des fonds pour financer d’une part nos déplacements pour des tournois internationaux, en aidant les joueurs qui n’ont pas forcément les moyens de participer à de gros événements à l’étranger. D’autre part, le calendrier sert aussi à financer des actions de sensibilisation et de lutte contre l’homophobie et les LGBT-phobies. On se déplace dans des entreprises et dans des lycées."

"Ce calendrier permet également de mettre en avant nos valeurs d’inclusion par le sport : tout le monde doit pouvoir jouer au rugby sans subir de discrimination, peu importe son identité de genre ou sa sexualité, résume le président des Gaillards, en poste depuis juin 2023. L’idée est aussi de véhiculer une image un peu sexy du club, en montrant tous les corps. Il n’y a pas que des pectoraux saillants, il y a des plus jeunes, des plus vieux, des plus maigres, des plus gros… On montre la diversité de nos adhérents."

"Beaucoup de choses ont évolué dans le rugby"

L’association rassemble à ce jour près de 160 amateurs. "L’équipe a été créée en 2003, retrace Vianney Mosser. Il s’agit de la première équipe de rugby gay en France - à l’époque il n’y avait que des hommes, des femmes ont ensuite rejoint le club. On parle aujourd’hui d’équipe inclusive. Qu’on soit homo, trans, bi, hétéro… On accepte tout le monde, c’est un projet collectif."

"L’équipe a été conçue comme une 'safe place', en prenant pour modèle des clubs britanniques. Les joueurs qui l’ont rejoint à sa création n’étaient pas forcément à l’aise dans leurs équipes respectives. Certains avaient arrêté le rugby suite à des discriminations, des réflexions homophobes. Certains ne pouvaient pas parler de leur vie sentimentale dans le vestiaire, par peur d’en prendre plein la gueule ou d’être mis à l’écart", explique le président des Gaillards.

"Aujourd’hui, beaucoup de choses ont évolué dans le rugby, il y a eu de grandes avancées pour les personnes LGBT, poursuit-il. Rien n’est jamais acquis, il faut toujours rester sur ses gardes, avec un risque de retour en arrière. Ce n’est pas parfait, mais il y a eu une prise de conscience de la part des instances, qui s’engagent maintenant dans la lutte contre les discriminations avec notamment des spots de pub incluant de grands joueurs."

"La Une de Têtu avec Antoine Dupont, c’est aussi un symbole, note Vianney Mosser. L’un des meilleurs joueurs au monde prend position contre l’homophobie, c’est une chose incroyable, un coup de projecteur puissant. Le courage de Jérémy Clamy-Edroux, qui est le joueur français de rugby professionnel à avoir déclaré publiquement son homosexualité, c’est aussi un signe de l’évolution des mentalités. On en est fier."

"Faire son coming out, ça demande un courage incroyable"

Mais comment expliquer que ce coming out reste une exception ? "Ce n’est pas qu’un cliché, le rugby reste encore un sport avec des codes très masculins et certaines attitudes virilistes, répond le président des Gaillards. C’est évident que Jérémy Clamy-Edroux n’est pas le seul joueur homosexuel dans le rugby pro. Ce n’est pas un tabou, mais ça reste très compliqué d’en parler. Faire son coming out pour un rugbyman professionnel, ça demande un courage incroyable. Il y a le risque d’un déferlement de haine sur les réseaux sociaux, la peur de faire face à des sponsors frileux."

Au-delà des messages portés par le club, la sortie du calendrier permet aussi pour l’équipe de célébrer sa récente victoire à la Bingham Cup 2024, le 26 mai dernier à Rome face aux Sydney Convicts (27-7). "C’est la coupe du monde des clubs LGBT inclusifs, et il s’agit du plus grand tournoi international de rugby amateur au monde avec 3700 participants et une centaine d’équipes. Les Gaillards ont d’ailleurs été créés à l’époque dans l’objectif de participer à l’une des premières éditions de cette compétition. Aujourd’hui, on est la première équipe française à remporter l’événement", indique Vianney Mosser.

"C’est une joie immense, réagit-il. Ça représente des années de boulot, avec des entraînements dans la boue, dans le froid, sous une chaleur infernale… Ce sont beaucoup de sacrifices, et on fait aujourd’hui partie des meilleures équipes LGBT au monde. C’est un véritable aboutissement." Prochain grand rendez-vous pour les Gaillards : la Union Cup, la coupe d’Europe des clubs inclusifs, organisée à Oslo en mai prochain.

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