LGBT Phobies : "L'école est un lieu de violences", explique l'association SOS Homophobie

Le ministère de l'Education souhaite lancer une campagne de sensibilisation dans les établissements à l'occasion de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie le 17 mai. Depuis 20 ans, SOS Homophobie organise des interventions en milieu scolaire pour sensibiliser les jeunes. Entretien avec Véronique Godet, coprésidente de l'association.

Les bénévoles de SOS Homophobie interviennent dans les établissements scolaires depuis 20 ans. En 2022, 28 000 élèves dans 231 collèges et lycées ont été sensibilisés aux violences et discriminations homophobes.

À l'occasion de la publication du rapport annuel de SOS Homophobie, Véronique Godet, coprésidente de l'association et coordinatrice des interventions en milieu scolaire, IMS, nous explique en quoi consistent ces ateliers de sensibilisation et pourquoi l'association interpelle aujourd'hui le gouvernement alors que les agressions homophobes sont en augmentation.

En quoi consistent vos interventions en classe ?

Véronique Godet : Nous intervenons dans un cadre de 2 heures, de la 4e à la Terminale. En 5e parfois, à la demande des établissements. Nous faisons asseoir les élèves dans un cercle, les adultes sont à l’extérieur. L'objectif est de les amener à débattre sans jugement. Nous nous attachons à déconstruire tous les préjugés, tous les stéréotypes souvent négatifs qui sont liés à l'orientation amoureuse, sexuelle et à l'identité de genre. Nous ne voulons pas avoir un rapport didactique aux élèves, mais échanger avec eux pour leur faire prendre conscience des propos qu'ils peuvent parfois tenir.

On décrypte les mécanismes de la discrimination et des agressions et leurs conséquences. On les informe sur les dispositifs existants. On rappelle le cadre juridique. On souhaite les faire réfléchir sur leurs propos, leurs postures, leurs idées reçues. L'école est le reflet de la société. Les élèves véhiculent les propos qu'ils entendent chez eux ou dans la société. Ils ne sont pas encore passés sous le filtre critique, n'ayant pas encore remis en question l’héritage culturel ou les images construites sur les réseaux sociaux.

Les élèves peuvent également poser anonymement une question, aucune sur les professeurs ou les élèves. Ils peuvent nous interroger. Parfois ils font leur coming out, parfois certains nous demandent quelle est notre orientation. On leur répond. C'est important que les élèves voient des adultes qui ne sont pas des victimes, qui sont des modèles positifs auxquels ils peuvent s'identifier. Des gens comme les autres à des années-lumière des représentations outrancières ou caricaturales des personnes LGBT. 

L'école est-elle un lieu de violences homophobes ?

Véronique Godet : L'école est un lieu de violences homophobes, notamment le collège. Elle peut être un passage très douloureux pour les jeunes LGBT. C'est un espace où il y a peu de filtres, où les attaques sont directes, et où les enfants ne prennent pas conscience de l'impact de leurs propos.

Un quart des victimes en milieu scolaire souffre d'un mal de vivre très important. Ce qui est douloureux, c'est la double hostilité qu'ils peuvent ressentir. Celle de leur famille et celle des autres élèves ou des réseaux sociaux. Il y a un continuum de moments de violences. 

Vous alertez les pouvoirs publics et l'Education nationale. Que préconisez-vous ? 

Véronique Godet : Nous souhaitons sensibiliser et former le personnel enseignant car nous rencontrons des élèves qui sont très isolés, et qui sont obligés de taire leur souffrance parce qu'ils font face à des adultes qui ne savent pas les entendre, ou qui préfèrent ne pas les voir.

La prise en compte des transgenres est également encore compliquée même si la circulaire Blanquer a fait évoluer les choses. Quand ils sont accompagnés par leur famille, ils peuvent choisir le prénom qu'ils souhaitent, mais s'ils ne sont pas soutenus à la maison, ils ne peuvent rien faire sans l'autorisation parentale.

On demande au ministère de l'Education nationale d'appliquer le programme obligatoire de 2001 qui consiste à ce que tous les élèves bénéficient au moins de trois heures par an d'éducation à la sexualité. Mais pour cela, il faut des profs en capacité de porter ces heures d'éducation sexuelle. Il est également nécessaire qu'ils soient formés pour identifier et prévenir les cas de harcèlement.

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