Le collège Jean Rostand d'Auchy-lès-Hesdin fait partie des cinq collèges de l'académie de Lille à expérimenter la pause numérique. Chaque matin, une fois dans leur classe, les élèves en possession d'un téléphone portable le rangent dans une pochette à leur nom. Qu'en pensent les élèves et les professeurs après trois mois d'expérimentation ?
Ce n'est un secret pour personne, les écrans absorbent l’attention des élèves, qui prennent, entre autres, des photos, des vidéos pour les poster sur les réseaux sociaux. Dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire, un dispositif à titre expérimental est mené par le ministère de l'Éducation nationale.
Depuis la rentrée de septembre 2024, au collège Jean Rostand d'Auchy-lès-Hesdin, c’est devenu un rituel. Les élèves qui le souhaitent, déposent leur portable pour la journée dans une pochette. Les autres sont invités à le laisser à la maison.
Une expérience positive en cours
Avant de commencer son cours de mathématiques, la professeure Céline Sergent, récupère les téléphones des élèves :" il n'y en a pas tant que ça, ils sont cinq ou six à avoir un téléphone le matin dans cette classe, les autres sont censés l'avoir laissé chez eux."
Résultat, en classe sans le téléphone à portée de main, les bienfaits de cette pause numérique n’ont pas tardé à se faire sentir. Face aux formules mathématiques inscrites au tableau, la professeure note le changement. "Il y a moins cette tentation d'essayer de regarder le téléphone pendant l'heure ou essayer de se dire : « elle a le dos tourné je vais jeter un petit coup d'œil pour voir si j'ai reçu un message ». Je pense que c'est mieux pour eux et pour nous aussi. Nous sommes plus détendus. On ne se demande pas ce qu'ils font dans leur sac."
Une récréation différente
Dans la cour de récréation, les collégiens ressentent de moins en moins le besoin de garder leurs yeux rivés sur les écrans. Enfin presque tous.
Nathan, élève de 5ᵉ donne son avis sans filtre : "C'est embêtant d'attendre pour récupérer nos téléphones surtout quand on termine les cours plus tôt. Pour moi, c'est une mauvaise nouvelle d'en être privé. C'est utile pour jouer sur les applications et faire des Snapchat, TikTok et tout. Moi, ça me manque tellement. En attendant, je joue à pile ou face."
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Quant à Théo, la pause numérique il trouve ça :"Plutôt bien ! J'utilise de moins en moins mon téléphone alors qu'avant, je l'utilisais beaucoup. Maintenant pendant la récré, on fait beaucoup plus de choses, on parle, on joue. Ça fait du bien."
Pierre pense que cette expérimentation protège, d'une certaine façon, les collégiens."Ça nous empêche de nous faire en prendre en photo sans le savoir."
Un établissement propice à l'expérimentation
L’établissement est l’un des premiers, avec quatre autres collèges de l’académie de Lille, à tester l'interdiction totale des téléphones portables. Avec 160 élèves, c'est aussi le plus petit du Pas-de-Calais, ce qui a facilité la tâche pour la direction.
"Ici, le téléphone n'était pas vraiment problématique, reconnaît Séverine Cornet, la principale du collège. Mais mon objectif était de travailler au bien-être des élèves pour leur réussite et la pause numérique pouvait le favoriser. La loi dit que le téléphone portable est interdit, mais on sait pertinemment que les élèves l'utilisent. Les élèves nous le confient volontairement, nous n'avons plus le souci de trouver des téléphones qui dépassent des poches ou des sacs."
Quels en sont les bienfaits ? "Les élèves se sont davantage concentrés en classe, les enseignants se sentent également rassurés sur le fait qu'il n'y ait pas de doute qu'ils soient filmés ou pris en photo à leur insu ou que le téléphone soit utilisé en classe. En trois mois d'existence, c'est entré dans les habitudes, je ne vois pas pourquoi, je ne prolongerai pas l'expérimentation."
Un dispositif qui pourrait être généralisé dès le mois prochain dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire.
