Victime de harcèlement scolaire à caractère homophobe, Lucas s’est suicidé à l'âge de 13 ans, le 7 janvier 2023. Sa mère, Séverine Vermard, vient de publier un livre, "Lucas, symbole malgré lui", pour lui rendre hommage.
Mercredi 8 janvier 2025, Séverine Vermard, la mère de Lucas, vient de publier un livre sur son fils "Lucas symbole malgré lui", aux Éditions Harper Collins. Il y a deux ans, il s'est suicidé alors qu'il n'avait que 13 ans. "Depuis le suicide de mon fils, je me demande ce que signifie « faire son deuil », écrit Séverine Vermard dans son livre.
Lucas était victime de harcèlement scolaire dans son collège à Golbey dans les Vosges, "c’est mon combat. Je ne voulais rien cacher". Elle décrit "un petit garçon rayonnant". Dans son livre, Séverine Vermard souhaite aussi prévenir du harcèlement, "je voulais rendre hommage à mon fils. Je voulais que tout le monde connaisse l’enfant que c’était. La belle personne que c’était", dit-elle à France 3 Lorraine. "Je veux lutter contre ce fléau, le combattre. J’en avais vraiment besoin et je lui devrais toute ma vie".
Depuis, pour la maman de Lucas, un long marathon judiciaire a débuté. Il n'est toujours pas terminé. Quatre adolescents ont été condamnés pour harcèlement sans aucun lien avec le suicide. Puis devant la Cour d'appel de Nancy ils ont tous été relaxés. Aujourd'hui, la famille de Lucas et son avocate, Catherine Faivre, ont décidé de se pourvoir en cassation, "je veux qu’on lui rende enfin justice".
Des réponses
Lucas avait écrit un mot exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours. Ses proches avaient ensuite dénoncé des faits de harcèlement, "la maman de Lucas a besoin de réponses à toutes ses interrogations", ajoute Catherine Faivre. "J’attends de la Cour de cassation qu’elle nous permette d’avoir un nouveau procès. Elle peut s’appuyer sur la base des nouveaux éléments qui sont aujourd’hui recueillis, notamment le rapport de l’inspection général qui conclut à une situation de harcèlement".
Son suicide posera, une fois encore, une fois de trop, la question du harcèlement scolaire et de son issue, parfois fatale.
Extrait du livre, "Lucas symbole malgré lui"
Au mois de décembre dernier, une enquête administrative a conclu que l’adolescent était victime de "faits de harcèlement", au collège et aussi en ligne. "Mon fils était bien harcelé. Mon fils n’était pas fou. Voilà il est reconnu en tant que personne harcelé dans son collège et donc c'est enfin un soulagement". Le collège aurait-il failli selon vous ? "Ils ont failli leurs devoirs essentiels, protéger et mettre des mesures en place ce qui n’a pas été fait du tout et ça, je ne le pardonnerai jamais".
"Lucas n’est pas qu’un symbole"
Votre enfant était différent. Qu’espérez-vous avec ce livre ? Une prise de conscience individuelle, collective. Vous souhaiteriez voir évoluer les mentalités ? "Je veux que tout le monde accepte l’autre parce qu'on a le droit d’être vu comme on est. On est heureux. On n'est pas différent, juste pas aux normes de la société d’aujourd’hui. On ne rentre pas dans un moule et donc on n’a pas le droit de vivre, on n’a pas le droit d’être heureux. Non je ne suis pas d’accord ! Je veux vraiment que les gens prennent conscience qu'on a tous un cœur qui ressent des émotions", insiste Séverine Vermard.
Ce qui est devenu de l’Affaire Lucas est, avant tout, le drame d’un jeune adolescent attaqué en raison de son identité.
Extrait du livre, "Lucas symbole malgré lui"
Séverine Vermard, avec son avocate Catherine Faivre, a créé l’association LUNAH pour soutenir les victimes de harcèlement scolaire. "J’ai décidé de faire un livre pour sensibiliser au harcèlement, pour qu’on se souvienne aussi de Lucas, du combat que je mène pour lui rendre justice, pour qu’il n’y ait plus de victimes aussi".
Propos recueillis par Laurence Duvoid et Sophie Valsechi mercredi 8 janvier.