Locations touristiques pour les JO de Paris : "Je suis prête à baisser encore une fois le prix s’il le faut"

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Alors que de nombreux Parisiens et Franciliens espèrent louer leur logement au prix fort pendant les Jeux, certains propriétaires ont aujourd’hui du mal à trouver preneur. Du côté des hôtels, on observe une baisse des prix affichés pour les réservations de cet été. Comment expliquer cette tendance ?

Elle est "prête à baisser encore une fois le prix s’il le faut". Léocadie, une propriétaire parisienne, ne parvient pas à louer son appartement pour la période des JO. "Je ne comprends pas. C’est un 62m2 avec quatre pièces situé dans le triangle d’or des Abbesses, dans le 18e arrondissement. Je loue deux chambres sur trois, en plus d’un grand salon de 25m2. C’est à 200 mètres du Sacré-Cœur, et c’est également proche de la maison de Dalida et du Moulin Rouge. Il y a une cour arborée pour prendre son petit-déjeuner", décrit-elle.

La propriétaire n’avait auparavant jamais tenté de mettre son bien en location sur Airbnb. "D’habitude je préfère le prêter à des amis. Mais je vois les Jeux comme une aubaine : en septembre, un ami a réussi à louer son appartement dans le 17e arrondissement à 900e la nuit, pour la même superficie. Quand il me l’a dit, des dollars se sont affichés dans mes yeux, je voulais en profiter. Donc j’ai fait toutes les démarches et de belles photos, et en janvier j’ai fixé au départ la nuit à 800 euros", raconte-t-elle.

"Ça n’a pas marché, et j’ai décidé de baisser le prix à 500 euros. Toujours sans résultat. On m’a dit que c’était peut-être lié au fait que j’avais un profil nouveau sur Airbnb et que je n’avais pas d’appréciations. Donc j’ai loué l’appartement un week-end en février, en recevant de super commentaires. Mais depuis, plus rien. Je ne suis pas désespérée, je voyais cette opportunité comme un petit accélérateur pour rembourser mon crédit qui dure jusqu’en 2035. Et je n’ai pas envie d’être là pendant les Jeux", poursuit-elle.

"Je me dis que les touristes recherchent peut-être plus des lofts froids et neutres qui ressemblent à des chambres d’hôtel, s’interroge Léocadie. Mon appartement est typiquement montmartrois, il y a un parquet, des moulures, une cheminée… J’ai vendu à fond le charme à la Amélie Poulain. Ou peut-être que la folie des prix des JO est passée et que les touristes ont déjà tous trouvé. Si je ne trouve pas, je vais finir par devoir laisser mon appartement gratuitement à quelqu’un pour arroser les plantes pendant les Jeux."

Contacté, Airbnb indique que "la progression de l’offre (...) observée en région parisienne va permettre de limiter la hausse des prix", anticipant "une hausse moyenne de 85% des prix en Île-de-France pendant la période des Jeux Olympiques par rapport aux revenus des hôtes" en 2022. Airbnb rappelle que "les hôtes fixent librement leur prix" et précise que "la plateforme sensibilise la communauté d’hôtes à ce sujet".

Pour les hôtels, des prix en baisse de 13,5% en trois mois pour les JO

Du côté des hôtels, l’Office de tourisme de Paris indique que le prix moyen observé pour les réservations a baissé de 13,5% de janvier à mars pour la période JO, en passant à 452,90 euros la nuitée "dans le Grand Paris". Pour les Jeux paralympiques, le prix a baissé de 12,2%, en passant à 223,90 euros la nuitée. "Les prix moyens appliqués (...) étaient de 202 euros en juillet 2023 et de 161 euros en août 2023", note toutefois l’Office du tourisme.

Le groupe Best Western - qui rassemble 60 hôtels en Île-de-France, "dont certains proches des sites d’épreuves" - indique que son taux d’occupation se rapproche aujourd’hui "de plus en plus des 60% dans et hors Paris". Le groupe observe une "tendance de réservation à la hausse depuis mars", certains hôtels ayant "gagné jusqu’à 30% d’occupation depuis début mars". Best Western cite une "nouvelle mise en vente de la billetterie JO", des "tarifs plus flexibles", "jusqu’à 30 jours avant l’arrivée", et une "baisse des prix généralisée avec des premiers prix à 200 euros et plus dans le Grand Paris".

La baisse des prix était prévisible : tous les indépendants n’avaient pas encore ouvert leur planning de réservations

Franck Delvaux, le président de l'Umih Paris Île-de-France

Franck Delvaux, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) Paris Île-de-France, n’est pour sa part pas surpris par la tendance actuelle. "Il y a d’abord l’aspect communication. En décembre, beaucoup de médias évoquaient des prix multipliés par 5 voire 10 pour les hôtels pour la période des JO, par rapport à un été normal. En Île-de-France, on compte 210 000 chambres d’hôtel. La baisse des prix était prévisible : tous les indépendants n’avaient pas encore ouvert leur planning de réservations ces derniers mois. Au final, on sera dans la moyenne des villes olympiques, avec des prix multipliés par 2 ou 2,5", explique-t-il.

"Il faut aussi prendre en considération le fait que Paris est une capitale mondiale du tourisme. Et beaucoup de touristes étrangers qui ne sont pas intéressés par les JO ne vont pas venir cet été. Autre point : on attend plus de 15 millions de personnes pour les Jeux olympiques et paralympiques, mais ce seront beaucoup de Français, qui vont chercher des solutions d'hébergement gratuit. On peut attendre 1,2 voire 1,3 millions d’étrangers", poursuit Franck Delvaux.

"Le taux de réservation approche les 70% aujourd’hui, ça va augmenter mais on ne va pas vers des records, prévoit-il. A noter tout de même que l’hôtellerie de luxe est à part avec beaucoup plus de réservations, grâce notamment aux entreprises sponsors des JO qui invitent leurs meilleurs clients." Le président de l’Umih Paris Île-de-France espère en tout cas de bonnes retombées à moyen et long terme pour le secteur : "C’est comparable à ce qu’il s’est passé à Londres. Sur une durée de 12 à 18 mois, l’événement donnera envie à de nombreux touristes de visiter Paris. Il y a aussi toutes les infrastructures de transports avec les nouvelles lignes de métro… Tout ça, ce sera un vrai plus."

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