Loi immigration : "Cela va mettre des milliers de personnes à la rue" redoute l'association Utopia 56

Après le vote de la loi immigration, les réactions sont nombreuses. L'association Utopia 56 dénonce des mesures qui précarisent la vie de milliers de personnes. Son fondateur Yann Manzi répond aux questions de France 3 Paris Île-de-France.

Quotas, prestations sociales, aide médicale d'état… La loi immigration a été approuvée au Sénat et à l'Assemblée Nationale ce mardi. Elle prévoit notamment de conditionner l'accès aux prestations sociales à une durée de séjour de cinq ans, la loi a statué notamment sur une réforme de l'aide médicale d'Etat.

Les protections contre l'expulsion de certains étrangers ont également été durcies. Pour Yann Manzi, fondateur d'Utopia 56, association d'aide aux migrants craint que ce texte rende plus difficile les conditions de vie des plus précaires d'entre eux. Entretien.

En quoi cette loi pourrait-elle durcir les conditions de vie et d'accueil des migrants en France ? 

Yann Manzi : Elle va mettre plusieurs milliers de personnes à la rue. C'était déjà compliqué pour ceux qui arrivaient et que nous recevions notamment à Paris. Le conditionnement des aides sociales pourrait rendre précaire la situation de familles toutes entières.

Cela va les amener vers encore plus de misère et de pauvreté. Ces conditions d'accès aux aides sociales vont creuser un fossé et le durcissement des contrôles créera un sentiment de peur chez les exilés. Les associations comme la nôtre vont devoir redoubler d'efforts face à une situation qui va empirer. Tout en composant avec le fait qu'avec la crise économique nos dons et moyens sont de moins en moins conséquents.

Une part importante du travail d'Utopia 56 est faite auprès des mineurs isolés. Comment cette loi change-t-elle la donne pour ces jeunes et leur accueil notamment à Paris et en Île-de-France ?

Yann Manzi : Là encore, ça va compliquer les choses. Les familles seront forcément impactées par les mesures. On est déjà dans une époque où le nombre d'enfants à la rue augmente d'années en années. En 2023, nous en avons recueilli 2300, rien qu'à Paris.

Les procédures de reconnaissance de minorité peuvent être longues et cela place ces enfants dans des situations périlleuses. Cette loi rend les conditions de leur prise en charge encore plus compliquées.

En octobre dernier, l'UNICEF estimait que 1344 enfants étaient sans domicile fixe en Île-de-France. Craignez-vous que cette loi participe à faire augmenter le nombre d'enfants en situation précaire en France ?

Yann Manzi : Oui, ce nombre risque de pousser dans les prochains mois car beaucoup d'enfants qui étaient déjà très peu pris en charge par les autorités le seront encore moins à cause de cette loi. Elle ne fait qu'augmenter la précarité des populations qui arrivent et les enfants restent les plus fragiles.

Il faut penser aux femmes enceintes ou avec plusieurs enfants qui ont souvent du mal à gérer l'arrivée. Le durcissement de l'accès aux hébergements d'urgence pour les personnes déboutées va créer des situations graves avec potentiellement des morts à la clé car les conditions pour leur venir en aide sont rendues de plus en plus difficiles. Cette loi criminalise les exilés qui ne font que fuir la guerre.     

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