Loyers trop chers, population vieillissante : le 6e arrondissement de Paris, un futur désert médical ?

La mairie de l'arrondissement, associée à une communauté de professionnels de santé, lance un appel à projet pour créer un petit centre de santé au sein de l'hôtel de ville. Mais les candidats ne se pressent pas au portillon.

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Qui a dit que l'hyper centre de Paris n'était pas touché par le manque de médecins généralistes ? Le très chic 6e arrondissement n'attire plus les jeunes médecins.

"On a beau avoir une nouvelle convention qui vient d'être signée, il y a quand même un manque d'attractivité de la médecine libérale en ville. À Paris, où les loyers sont chers, un jeune décide de s'installer dans des arrondissements en périphérie de Paris comme le 18e, 19e, 20e ou le 13e où il y a des aides à l'installation et où les loyers sont moins chers", explique Marc Jacono, médecin et président de la Communauté Professionnelle du Territoire de Santé des 6e/7e arrondissements de Paris (CPTS).

La mairie du 6e et la CPTS ont ainsi décidé de lancer un appel à projets pour répondre à cet épineux problème. Un cabinet médical serait installé dans la mairie et destiné en priorité aux personnes âgées qui n'arrivent pas à avoir de médecin traitant, d'ici à 2025.

3 ou 4 box vont être aménagés au rez-de-chaussée du bâtiment avec un loyer sous les prix du marché : 3300 euros à diviser par le nombre de pièces construites.

Paris bien doté ?

Pourtant, selon les derniers chiffres de l'ARS Île-de-France, Paris compte un nombre très élevé de médecins généralistes. "Les départements de Paris, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne présentent des densités supérieures à 100 MG (médecins généralistes, ndlr) pour 100 000 habitants atteignant 196 MG pour 100 000 habitants pour Paris", indique un rapport en date de 2022.

Selon ce document, il y avait 4177 médecins généralistes en 2022 (contre 4142 en 2011) dans la capitale. Dans le 6e et le 7e arrondissement, il y a une centaine de médecins généralistes selon les chiffres du Dr Jacono.

"Mais dans les 10 prochaines années, beaucoup vont partir à la retraite. Et le petit souci, c'est qu'il y en a 'à l'exercice particulier'. Ils ne font pas de la médecine générale mais de l'acupuncture, des échographies voire de la médecine esthétique. Ils sont comptés comme tel, mais ne la pratiquent pas", poursuit-il.

Honoraires plafonnés

Un constat partagé par le Dr Jean-Claude Nogrette, membre du syndicat MG France : "Paris est le pire désert en médecins généralistes depuis des années à cause du coût de l’immobilier, des difficultés rencontrées dans la mise aux normes des cabinets médicaux (loi Handicap de 2005) et des difficultés de circulation et de stationnement."

Et d'ajouter : "Avec des honoraires conventionnés bloqués, les praticiens parisiens sont étranglés financièrement."

Car les jeunes médecins généralistes ne peuvent, de facto, plus s'installer en secteur 2 (qui permet de pratiquer des dépassements d'honoraires). Pour cela, ils doivent exercer au moins 2 ans en hôpital, chose très rare pour les médecins généralistes dans les hôpitaux parisiens selon Marc Jacono.

Le Dr Nogrette rappelle qu'à ces difficultés vient s'ajouter "la grande difficulté économique" des centres de santé dans la capitale "pour les mêmes raisons d’honoraires trop faibles. Et comme les subventions publiques s’amenuisent, on risque de les voir fermer les uns après les autres".

Une situation qui pourrait toucher en priorité les personnes les plus précaires ainsi que les personnes âgées et isolées.

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