Le centre de santé de Médecins du Monde à Saint-Denis va fermer du 1er juillet au 15 septembre. L'équipe qui gère le lieu redoute la multiplication des arrestations de personnes sans papiers alors que le dispositif policier est renforcé à cause des Jeux olympiques.
Comment accueillir des personnes sans-papiers qui risquent de se faire arrêter à chaque instant ? A l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, Médecins du Monde a décidé de fermer temporairement son centre d'accès aux soins et d'orientation (Caso) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), du 1er juillet au 15 septembre.
"C'est une décision qui a été très lourde à prendre. Pour nous, c'est quelque part un acte de renoncement de laisser autant de parcours et de ruptures de soins qui vont arriver cette année pour les populations que l'on accompagne. On anticipe effectivement une santé qui va se dégrader au cours de l'été et une rentrée au mois de septembre qui risque d'être assez dense", explique Matthieu Dréan, coordinateur général de la Mission banlieue 93.
Le Caso est un centre de soin qui accueille 4 000 personnes par an. Des soins de médecine primaire et un suivi psychologique sont dispensés trois jours sur sept, alors que le département est l'un des moins dotés en termes d'accès à la médecine.
Situé entre le Stade de France, la piscine olympique et l'Accor Arena, trois sites majeurs des JO, le centre est également au milieu d'un dispositif policier particulièrement conséquent.
A lire aussi : JO de Paris 2024 : près de 13 000 personnes expulsées hors Île-de-France selon des associations qui dénoncent un "nettoyage social"
Peur des arrestations et OQTF
Selon ce responsable associatif, il est devenu trop risqué pour les personnes concernées de se rendre dans ce lieu.
"Les publics qu'on accompagne au Caso sont à 99,9% des personnes sans papiers et à 50% des primo arrivants, donc depuis moins de 3 mois sur le territoire. Pour joindre nos locaux, il est obligatoire de passer par l'une des grandes gares parisiennes et généralement d'arriver avec le RER B, la gare Plaine Saint-Denis. Cette gare va être elle aussi l'objet de contrôles pour nettoyer les populations qu'on ne voudra pas voir. On constate déjà une augmentation du nombre de contrôles de titres de transport et une augmentation de la présence policière", regrette Matthieu Dréan.
Deux structures temporaires à Pantin et Bobigny
Parmi les patients suivis, certains sont, par exemple, dépistés positifs au VIH. Pour continuer à les suivre, deux structures accueilleront temporairement les équipes de Médecins du Monde : le Relais solidaire de Pantin (le mardi après-midi) et le CeGIDD de Bobigny, structure appartenant au Conseil départemental (le jeudi après-midi et le vendredi).
C'est dans ce dernier centre, médicalisé, que les patients pourront se rendre, l'autre étant destiné au conseil et à la réorientation de personnes en difficulté. "Est-ce que les personnes ont la capacité de venir nous voir même en étant délocalisé à Bobigny ? C'est la grande question que l'on se pose", se demande Matthieu Dréan qui relève que le prix du ticket des transports en commun va doubler pendant la période.