Départs à la retraite non remplacés et manque de jeunes docteurs... Depuis plusieurs semaines, la commune de Saint-Germain-lès-Corbeil en Essonne tente de compléter l’équipe de sa maison médicale. L’agenda de son unique médecin généraliste est plein, au détriment des patients.
"Je n'arrive pas à répondre à toutes les demandes." Pour le Dr Ramona Momilca, les journées se suivent et se ressemblent. Seule médecin généraliste au sein de la maison médicale de Saint-Germain-lès-Corbeil, elle ne peut pas répondre favorablement à toutes les demandes de rendez-vous des patients. "J'ai 40 appels par jour, mais c'est impossible de prendre tout le monde", assure la professionnelle de santé. Pour l'aider, la mairie a lancé une campagne de recrutement. "On cherche deux médecins généralistes supplémentaires", confirme Yann Petel, maire LR de la commune de l'Essonne.
Une structure pluridisciplinaire ouverte en juin 2023
Lancée en juin dernier, cette maison médicale accueille déjà une quinzaine de spécialistes qui officient dans des différentes disciplines. "Nous avons un kiné, une diététicienne, un dentiste, ou encore des psychologues et une pharmacie. C'est assez complet et les médecins viendraient renforcer cette offre de soins", commente le maire. Selon lui, cette structure permet de "faire face à une désertification médicale dans notre secteur." Cette commune de plus de 7 000 habitants est au cœur d'un désert médical où vivent plus de 45 000 personnes.
Pour attirer de nouveaux médecins, l'édile compte sur les atouts de la maison médicale. "Elle a l'avantage d'être au centre du village proche des commerces et des routes. Elle est aussi non loin du Centre Hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonne avec lequel nous collaborons." D'après Yann Petel, des structures comme celle-ci doivent d'ailleurs permettre de désengorger les urgences et les grands hôpitaux. "Je pense en particulier aux personnes âgées qui souhaitent avoir un suivi médical sans pour autant aller à l'hôpital. Même chose pour les enfants. Il y a une vraie demande par toutes les couches de la population pour un accès au soin."
"Faire face au vieillissement des médecins"
Yann Petel affirme que l'ouverture de cette structure a permis de "faire face au vieillissement des médecins. Nous en avions qui partaient. D'autres qui s'en rapprochaient refusant de prendre de nouveaux patients. Nos habitants se sont alors retrouvés sans médecins et contraints de se rendre à l'hôpital", explique l'édile.
Le vieillissement des médecins généralistes est un problème qui touche toute la région francilienne. Selon une récente étude démographique de l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France (ARS), 23% d'entre eux ont plus de 65 ans. La profession peine également à attirer les jeunes puisque seulement 8% des généralistes franciliens ont moins de 35 ans.
Début mars, le ministre de la Santé Fréderic Valletoux a déploré le manque de médecins lors d'un déplacement à Nemours en Seine-et-Marne. "Il n'y a pas de génération spontanée qui permettrait de remettre des médecins dans les déserts médicaux. Il faut leur redonner envie de s'y installer", a-t-il estimé. Selon l'ARS, l'Essonne compte 17% de médecins généralistes en moins qu'il y a dix ans. C'est la perte la plus importante dans un département francilien sur cette période.