L'histoire de la fabrique du textile français. Quand les Archives nationales révèlent les secrets de nos vêtements

Codification des métiers du textile, innovations techniques, naissance de la qualité française et espionnage industriel : voici une exposition originale sur l'histoire du textile français, de Colbert à la Vème République, et qui réunit tous les ingrédients d'un film de cape et d'épée. À découvrir à partir du jeudi 16 octobre.

C'est un voyage à travers l'excellence à la française proposé par les Archives nationales de France, depuis Colbert jusqu'aux artisans contemporains. Cette rétrospective révèle les secrets et les luttes qui ont façonné un héritage exceptionnel et qui permet de comprendre comment l’industrie textile française est devenue un modèle de prestige mondial et d’innovation.

Tout démarre en 1665, sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances de Louis XIV qui entreprend une série de régulations rigoureuses pour redresser l’économie nationale. Colbert établit des normes strictes concernant notamment la qualité des matières premières ou encore les dimensions des créations. Cette quête de perfection vise à élever les produits au rang d’art, où chaque pièce conforme aux règlements reçoit un sceau ou une marque attestant de son excellence.

La France va alors s'imposer comme le berceau du luxe, forgeant un héritage de savoir-faire inégalé qui continue de définir le prestige et l’élégance à travers les siècles. "Ce n'est pas une exposition sur la mode mais sur le textile français et sa qualité" tient à préciser Alexia Raimondo, commissaire interne aux Archives nationales et historienne de l'art, spécialiste de l'art religieux. "L'idée de cette exposition a germé en 2018 lorsqu'on s'est rendu compte du nombre important d'échantillons textiles qui se trouvaient dans nos archives. Nous avons remarqué que les pouvoirs publics avaient beaucoup investi dans le textile. La documentation des pièces était précise, datée et géolocalisée." Dans quelques jours, le grand public pourra ainsi découvrir ces échantillons pour la première fois.

Ce n'est pas une exposition sur la mode mais sur le textile français et sa qualité

Alexia Raimondo, commissaire interne aux Archives nationales

L'exposition se concentre sur une centaine de pièces du XVIIIe au XIXe siècle, avec des échantillons de bayettes (draps de lin) destinés au marché d'Amérique latine, des maquettes de métiers à tisser, des échantillons de textiles ou encore des vêtements issus des archives du Musée Galliera.

À travers cette exposition, l'histoire du textile français se dévoile telle épopée digne des plus grands films de cape et d'épée. Elle nous entraîne au cœur des intrigues et manœuvres secrètes du XVIIe siècle pour conquérir le marché mondial et faire briller la France. Un nom surgit : Josse van Robais, un Hollandais réputé pour ses draps de laine d'une finesse exceptionnelle. Il est débauché par Colbert en 1665 qui l'installe à Abbeville. "Il y a également l'espion anglais John Holker, manufacturier de son état, qui rapporte secrètement des outils sophistiqués et des ouvriers qualifiés pour enseigner la technique de la soie moirée. Son carnet énigmatique, rempli d'échantillons et de descriptions de toiles de coton - les ancêtres du jean, est au cœur de l'exposition. Une page particulièrement captivante expose des velours rares" souligne Alexia Raimondo. 

Cette histoire du textile français mérite d'être découverte, tant pour ses archives présentées au public pour la première fois que pour son éclairage sur ce pan de l'histoire de France encore peu connue du public.

"Made in France, une histoire du textile" est à voir du 16 octobre 2024 au 27 janvier 2025 aux Archives nationales de France.

Tarifs : Entrée gratuite