Maltraitance dans les crèches : "L'organisation, telle qu'elle est pensée, ne permet pas un bon accueil des enfants"

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis au gouvernement dénonce des maltraitances sur les enfants et pointe la dégradation des conditions de travail dans les crèches. L'Igas n'hésite pas à faire le parallèle avec les conditions dans les Ehpad. Adrien Charlot, membre du Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) et du collectif Pas de bébés à la consigne réagit.

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"Les maltraitances individuelles ne peuvent être détachées de la maltraitance institutionnelle", dénonce ce rapport de l'Igas qui ajoute que "des conditions de travail dégradées peuvent constituer un risque de premier plan du point de vue des dérives dans les pratiques professionnelles".

Ce rapport vient conforter de nombreux professionnels de la petite enfance comme Adrien Charlot, membre du bureau national au Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) et membre du collectif Pas de bébés à la consigne.

"Le secteur est en pénurie de main-d'œuvre. On ne peut pas répondre qu'aux besoins des familles, on doit aussi répondre à ceux des enfants. Cela est déterminé par la qualité des locaux, des personnels, des services. La réglementation dans laquelle on instaure les conditions pour recruter, organiser, est défaillante. Cela ne permet pas la qualité d'accueil. L'organisation, telle qu'elle est pensée, ne permet pas un bon accueil des enfants", déplore-t-il.

Réduction du personnel encadrant les enfants

Dans le viseur de ces professionnels, un changement de réglementation datant de 2001. Depuis cette date, elle impose 1 adulte pour 6 enfants sans distinguer leur âge. Or, auparavant, il fallait 1 adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas et 1 adulte pour 8 enfants qui marchent. Autre mesure récente, datant d'août 2022, l'autorisation pour les crèches de recruter des personnels sans qualification.

Selon Adrien Charlot, "Avant la réforme NORMA (qui date de 2021, ndlr), il était nécessaire d'avoir 7 m² par enfant. Maintenant, les gestionnaires vont pouvoir remplir plus leurs structures. La réforme a permis d'abaisser la surface à 5,5 m² dans les zones denses, comme en Île-de-France. On réduit le périmètre vital pour mettre plus d'enfants", raconte Adrien Charlot.

Un métier, pas un hobby

Outre un relèvement du taux d'encadrement, les rapporteurs de l'Igas rappellent la nécessité de remédier au manque d'attractivité des métiers de la petite enfance, qui entraîne un sous-effectif chronique et donc un épuisement des professionnels en poste. Il s'agit là, selon eux, d'un "facteur aggravant autant que (d'un) symptôme" des difficultés à bien accueillir les enfants.

"Les enquêteurs ont mis en lumière que notre activité est un métier, ce n'est pas un hobby. On n'est pas entendu, certains parents disent 'amusez-vous bien' en nous laissant leurs enfants. C'est un manque de considération pour notre cœur de métier", poursuit Adrien Charlot.

Sur le plateau de France 2, le ministre et porte-parole du gouvernement Olivier Véran a déclaré : "On paye pour 40 ans, 50 ans (...) au cours desquels ces métiers étaient des métiers, il faut le dire, qui étaient quasi exclusivement féminisés et donc insuffisamment valorisés. C'était une erreur historique", rappelant la promesse de campagne d'Emmanuel Macron de créer "200 000 solutions supplémentaires" d'accueil des tout-petits.

Mais pour ce professionnel de la petite enfance, "le ministre va certes mettre les moyens et multiplier les contrôles. Mais on sait sur qui ça va tomber : sur les professionnels que l'on pointe du doigt". Et d'ajouter : "La libéralisation de la petite enfance fait que le privé s'en met plein les poches au détriment des professionnels et des familles."

Source : AFP

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