Suez a saisi en urgence le tribunal administratif de Paris pour contester la relance de l'appel d'offres pour le marché de l'eau d'Île-de-France (Sedif). Un bug informatique avait affecté la procédure d'attribution du plus important marché d'Europe.
Le processus était suspendu depuis la survenue en avril d'un incident sur la plateforme informatique du Sedif, qui avait fait que des documents confidentiels destinés à Suez avaient atterri chez le rival Veolia.
"Au total, Veolia a reçu près de 550 fichiers. Seuls trois d’entre eux contiendraient des éléments qui n’auraient pas dû être portés à sa connaissance, reconnaît Veolia", indique un article du Monde.
Après six mois de flou, le Sedif, présidé depuis 1983 par André Santini (et maire UDI d'Issy-les-Moulineaux), a décidé en octobre de poursuivre le processus, sur la base des offres telles que reçues avant l'incident.
Actuellement, l'entreprise Véolia est en charge de ce marché gigantesque qui alimente en eau potable 150 communes et 4,7 millions de Franciliens.
Marché à 4,3 milliards d'euros
Avec ce "référé pré-contractuel", Suez dénonce la non-application des dispositions du code de la commande publique, afin de bloquer la décision du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) de poursuivre l'appel d'offres pour cet énorme marché de 4,3 milliards d'euros sur 12 ans, selon cette source, confirmant une information de Marianne.
Le Syndicat a expliqué cette décision en vertu d'un précédent survenu chez Transdev en 2017.
L'opérateur de transport avait alors par erreur eu en main une clé USB contenant la proposition de son concurrent Keolis. Lille, l'autorité concédante du marché, avait finalement arrêté son choix en l'état des propositions à la veille de l'incident.
Mais dans le cas du Sedif, "le prix n'a pas encore été négocié" et "rien n'assure que les usagers pourront bénéficier d'un tarif intéressant", décrypte Marianne.
L'audience devant le tribunal administratif aura lieu le 21 novembre.