Les opposants à la loi "sécurité globale" ont de nouveau marché ce samedi, malgré une météo difficile. Ils demandent notamment le retrait des articles 21 et 22, sur l’usage des caméras piétons et des drones, et surtout de l’article 24, sur la diffusion d’images de policiers.
Ils sont nombreux à avoir fait le déplacement, malgré la neige et l’approche du couvre-feu à 18h, ce samedi. Une nouvelle marche des libertés s’est tenue cet après-midi à Paris, contre la proposition de loi "sécurité globale", depuis la place Felix Éboué jusqu'à la place de la Bastille. Un itinéraire s’étalant ainsi sur 2,5 km. Dans la capitale, le cortège a rassemblé 15 000 personnes selon les organisateurs, les chiffres de la police évoquant 6 500 personnes.
Alors que près de 80 rassemblements étaient prévus ce samedi partout en France, la coordination "Stop Loi Sécurité Globale" – formée le 8 novembre dernier à l’initiative de quatre syndicats de journalistes (SNJ - SNJ-CGT - CFDT-Journalistes - SGJ-FO) et d'associations comme la Ligue des droits de l’Homme – dénonce toujours une proposition de loi qui "vise à porter atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d’informer et d’être informé, à la liberté d’expression, en somme aux libertés publiques fondamentales de notre République". Malgré "une mobilisation sans précédent pour la défense des libertés, le gouvernement (nous) a opposé une fin de non-recevoir", déplore la coordination.
Ce samedi, partout en France, #MarcheDesLibertés contre les #LoisLiberticides. Tous les rassemblements disponibles sur notre carte https://t.co/U3J07FZa8o
— Coordination Stop Loi Sécurité Globale ✊? (@stopsecuglobale) January 15, 2021
"On n’a pas besoin d’une loi qui cherche à régenter et à bloquer les libertés fondamentales que sont le droit à manifester, à revendiquer, explique Christophe Lalande, responsable syndical (Fédération Force Ouvrière de l’enseignement), à France 3 Paris IDF. Et cette loi est faite pour ça. C’est une loi qui cherche à restreindre la possibilité d’organiser des mobilisations alors même que le gouvernement prend un feu roulant de mesures contre les droits des travailleurs et des salariés, du public et du privé."
Les opposants à la loi exigent entre autres le retrait des articles 21 et 22, sur l’usage des caméras piétons et des drones par les forces de l’ordre, mais surtout de l’article 24, sur la diffusion d’images de policiers. Un article qui "vise à dissuader de filmer ou de photographier les interventions policières", alors que "l’importance de telles images est pourtant cruciale pour attester des cas de violences policières, comme l’actualité nous l’a rappelé ces dernières semaines", selon la coordination.
#MarcheDesLibertés : c'est parti !
— Amnesty France (@amnestyfrance) January 16, 2021
En direct de la marche pour dire non à la proposition de loi Sécurité Globale. Depuis la place Felix Éboué jusqu'à la place de la Bastille, nous marcherons. Pour nos libertés. pic.twitter.com/3vlcmNrsXV
Amnesty International, mais aussi des gilets jaunes, et de nombreux jeunes étaient présents à Paris, dans une ambiance festive selon les manifestants. A noter que des personnes liées au mouvement des "free parties" ont rejoint le cortège parisien, afin de marcher "pour le droit à la culture" et contre la "répression disproportionnée" de la rave party de Lieuron (Ille-et-Vilaine) qui avait réuni 2 400 personnes au Nouvel an.
Grosse ambiance à Paris pour la #MarcheDesLibertés ! pic.twitter.com/orlYkLf87G
— Coordination Stop Loi Sécurité Globale ✊? (@stopsecuglobale) January 16, 2021
La proposition de loi examinée en mars prochain par le Sénat
Un large dispositif policier avait été mis en place comme on peut le voir sur certaines images, avec notamment des fouilles systématiques de sacs aux sorties de certaines stations de métro.
Manif contre la loi #SecuriteGlobale à #Paris. #FDO en nombre pic.twitter.com/P1ZefCoozf
— docfores (@docfores) January 16, 2021
De son côté, la préfecture de police de Paris a communiqué sur Twitter à propos d’une intervention menée "pour empêcher la tenue d'une rave-party non déclarée à proximité de la manifestation". La PP a ainsi affirmé n’avoir reçu aucune mention d’"un camion sono en fin de manifestation".
Les forces de l'ordre interviennent pour empêcher la tenue d'une rave-party non déclarée à proximité de la manifestation #MarcheDesLibertés à Paris.
— Préfecture de Police (@prefpolice) January 16, 2021
? Verbalisations en cours des organisateurs et confiscation du matériel sono. pic.twitter.com/yzUQTCriyK
Les autorités ont déclaré avoir verbalisé "les organisateurs" et confisqué le matériel sono. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a également communiqué sur "la tenue d'une rave-party à proximité de la manifestation".
Merci aux forces de l’ordre pour leur mobilisation partout en France aujourd’hui. A Paris, ils ont empêché la tenue d'une rave-party à proximité de la manifestation. @prefpolice @PoliceNationale @Gendarmerie
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 16, 2021
Une version contredite par les organisateurs de la manifestation. La coordination a en effet dénoncé, "une fois encore, à Paris", "de nombreuses infractions pénales et déontologiques commises par les forces de l’ordre sur instructions du préfet Lallement dans le cadre du maintien de l’ordre". "Ainsi, de l’impossibilité d’accéder à la manifestation pour les manifestant-es et les camions des organisateurs, l’absence de RIO, les violences commises sur les manifestants, les entraves au droit de manifester, ou encore le déploiement de forces démesuré le long du cortège", liste le communiqué publié après la manifestation. "Contrairement aux déclarations sur twitter du ministre de l’intérieur affirmant qu’une rave avait été évitée, il s’agissait plus simplement de trois camions de comités "Soutien à la Maskarade" qui ont été délibérément empêchés de rejoindre le cortège comme l’importe quel véhicule de la manifestation", précise la coordination.
200 000 personnes ont défilé aujourd'hui, dans 88 rassemblements partout en France #StopLoiSecuriteGlobale . Communiqué de la Coordination @stopsecuglobale pic.twitter.com/gYEURHe4c2
— Coordination Stop Loi Sécurité Globale ✊? (@stopsecuglobale) January 16, 2021
Samedi soir, Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé sur Twitter 24 interpellations à Paris.
Nos policiers et nos gendarmes ont été une nouvelle fois au rendez-vous pour encadrer les manifestations et interpeller systématiquement ceux qui étaient venus pour casser. 75 personnes interpellées dont 24 à Paris. Total soutien aux 12 policiers et gendarmes blessés.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 16, 2021
La proposition de loi a déjà votée en première lecture à l'Assemblée nationale, mais doit être examinée en mars prochain par le Sénat. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 30 janvier.