Ce jeudi, la mairie de Paris a annoncé des mesures pour lutter contre la propagation des meublés touristiques. Elle va imposer des quotas à l'année dans certains quartiers.
Le bras de fer se poursuit entre la Mairie de Paris et Airbnb. Ce jeudi matin, la municipalité a annoncé des mesures afin de lutter contre la prolifération des meublés touristiques. La mairie de la capitale va interdire les nouveaux meublés touristiques de loueurs professionnels dans les zones d'hyperconcentration touristique qui souffrent d'un déficit de logements, afin de protéger les résidents permanents de l'explosion des locations de type Airbnb, a annoncé la Ville de Paris jeudi.
"Nous souhaitons des quartiers équilibrés"
Proposés à la location courte durée par des plateformes comme Airbnb, ces appartements sont retirés du marché de l'immobilier classique. Une situation qui inquiète la Mairie de la capitale.
"Nous souhaitons avoir des quartiers équilibrés dans lesquels il y a du tourisme mais aussi de l'emploi avec des bureaux et des activités économiques au sens large. Il faut qu'il y ait également du logement pour tous", explique Emmanuel Grégoire, premier adjoint PS à la Mairie de Paris, lors d'une déambulation dans le quartier du Sentier très touché par la transformation de commerces en meublés touristiques.
"De gros besoins en logement dans plusieurs quartiers"
"Dans beaucoup de quartiers et en particulier dans le centre, les meublés touristiques ont retiré des logements classiques du marché alors même qu'on a de gros besoins de logements", déplore Dorine Bregman, adjointe à la Mairie de Paris en charge de la propreté et de l'espace public. Selon l'adjointe, un commerce sur huit a été transformé en meublé touristique au cœur de la capitale entre 2020 et 2022.
Depuis janvier 2022, tout changement d'usage d'un commerce en meublé touristique est soumis à autorisation de la mairie et les logements transformés en locations touristiques doivent faire l'objet d'une double, voire d'une triple compensation en surface.
"Des secteurs entiers de Paris vont être interdits aux créations de nouveaux meublés touristiques parce que nous considérons que l'offre est déjà très abondante et nous visons un étalement et un équilibre d'implantation dans Paris intra-muros" a précisé Emmanuel Grégoire.
Une mesure qui touchera les investisseurs professionnels
Cette mesure ne s'appliquera pas aux propriétaires qui louent occasionnellement leur résidence principale dans la limite de 120 jours par an, uniquement aux investisseurs professionnels.
Les élus redoutent en effet que l'appétit des investisseurs ne se tourne désormais vers les bureaux, pour lesquels il n'existe encore aucun outil de régulation. Cette crainte vient après avoir jeté leur dévolu sur les petits commerces, dont la transformation est aujourd'hui réglementée.
La ville, qui compte officiellement 43.000 meublés touristiques, un chiffre largement sous-estimé selon la mairie, espère également profiter d'une proposition de loi qui sera discutée en juin à l'Assemblée nationale pour réguler la transformation de bureaux en meublés de tourisme.
En 2021, la plateforme Airbnb, attaquée par la Ville, a par ailleurs été condamnée à 8 millions d'euros d'amende pour avoir publié un millier d'annonces sans numéro d'enregistrement.
Avec AFP.