Le procès de trois skinheads impliqués dans la mort de Clément Méric, étudiant et militant antifasciste tué en 2013 dans la capitale, s'est ouvert mardi aux assises de Paris, après quelques heures d'incertitudes dues à l'absence d'un accusé.
Suspense ce matin aux assises de Paris alors qu'un des accusés n'était pas présent à l'audience. Samuel Dufour, qui encourt jusqu'à 20 ans de prison, a finalement pris place sur le banc des accusés, son retard était dû à une brève interpellation de l'accusé lors d'un contrôle de police dans la matinée aux abords du palais de justice. L'audience a débuté peu avant 14 heures.
Samuel Dufour explique qu’il s’est fait interpeller devant le palais de justice à 8h26. « Les policiers m’ont dit qu’il y avait une manifestation et qu’ils cherchaient des signalements ». Il a été emmené au commissariat du 2ème arrdt et a été relâché à 10h48... @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 4 septembre 2018
Samuel Dufour est, avec Esteban Morillo, un des principaux accusés du procès. Les deux anciens skinheads sont jugés pour des violences "ayant entraîné la mort sans intention de la donner", commises en réunion et à l'aide d'un poing américain. Ils comparaissent libres et encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
Ils encourent jusqu'à 20 ans de prison
Esteban Morillo a très vite reconnu avoir frappé Clément Méric, mais toujours nié avoir fait usage d'un poing américain, circonstance aggravante aux coups mortels. "Deux coups, à mains nues" et "c'est tout", selon sa défense. Quant à Samuel Dufour, il portait des bagues mais "pas de poing américain", selon son avocat Antoine Vey.
"Je suis attristé, catastrophé par cette affaire" déclare Samuel Dufour
Lors du procès Esteban Morillo a tenu à la barre à faire une déclaration : "Tout d’abord, je voudrais souligner à quel point je suis attristé par cette affaire. Je suis catastrophé. J’y pense à chaque fois quand je regarde mes parents, ou autres..."
Esteban Morillo est à la barre. Il tient à faire une déclaration : « Tout d’abord, je voudrais souligner à quel point je suis attristé par cette affaire. Je suis catastrophé. J’y pense à chaque fois quand je regarde mes parents, ou autres... » #ClementMeric @France3Paris
— Aude Blacher (@audeblacher) 4 septembre 2018
Il y a plus de 5 ans, le 5 juin 2013 vers 18 heures, des "skins" et des "antifas" s'étaient retrouvés à la même vente privée de vêtements, dans une boutique des grands boulevards parisiens. Ce jour là, les jeunes se toisent, s'invectivent. Quarante minutes plus tard, une rixe éclate au pied de l'église voisine Saint-Louis d'Antin : Clément Méric, qui se remet tout juste d'une leucémie, s'écroule et meurt le lendemain.
Atmosphère électrique
Certains témoins ont vu ce jour là, Esteban Morillo armé d'un poing américain, d'autres pas. Le soir-même, Samuel Dufour envoie des SMS à un ami : "J'ai frappé avec ton poing américain", "On les a défoncés". Les récits s'accordent sur l'atmosphère électrique de la rencontre: "Les nazis viennent faire leurs courses", a lancé un antifa aux skins arborant tee-shirts "White power" ou "100% pure race". Clément Méric est décrit par un agent de sécurité comme "fluet" mais "virulent". Le verdict est attendu le 14 septembre.
► reportage d'Aude Blacher, et Gilles Bezou journalistes à France 3 Paris