Le conducteur est accusé d'avoir tué, ivre au volant d'une voiture surpuissante, le fils du chef étoilé Yannick Alléno. Les faits se sont déroulés dans le 7e arrondissement. L'affaire est jugée devant tribunal correctionnel de Paris.
Le procureur a requis jeudi une peine de huit ans d'emprisonnement assortie d'un mandat de dépôt à l'encontre de Franky D., accusé d'avoir tué, ivre au volant d'une voiture surpuissante, le fils du chef Yannick Alléno, un procès qui remet la question de l'"homicide routier" au cœur des débats."Qui fait le max' mérite le max'", a lancé le procureur au prévenu, devant le tribunal correctionnel de Paris. Il a également requis à son encontre une interdiction de conduire pendant dix ans.
Le soir du 8 mai 2022, Antoine Alléno, 24 ans, sort du restaurant où il travaille et ramène en scooter sa collègue, Anisa. Alors qu'ils patientent à un feu rouge, ils sont percutés par Franky D., sans permis, au volant d'une Audi RS6. Antoine Alléno succombe à ses blessures, Anisa n'est que blessée.
L'enquête a montré que Franky D., au volant du véhicule volé juste avant, avait circulé à 120 km/h dans les rues du 7e arrondissement, limitées à 30. Il heurte d'abord un VTC puis un taxi et perd le contrôle de la grosse cylindrée qui frappe le deux-roues. Prenant la fuite à pied, il est arrêté rapidement.
"Je reconnais tous les faits"
"L'une des soirées les plus heureuses de ma vie se transformait en cauchemar", raconte à la barre Anisa, la passagère. Ce soir-là, Antoine lui a attaché son casque avant d'attacher "le sien", affirme-t-elle.
L'un des avocats de Franky D., Alexandre Simonin, dit douter de la bonne attache du casque du conducteur, retrouvé à plusieurs mètres. Après les réquisitions, l'avocat plaide le "risque" d'"erreur judiciaire" et s'alarme d'une "mort sociale" certaine de son client. Dans le prétoire plus tôt, la voix de son client, Franky D., membre de la communauté des gens du voyage, hésitante, avait tranché avec sa carrure, imposante. "Je reconnais tous les faits" sauf les violences, a dit l'homme de 27 ans, accusé par un voiturier de lui avoir asséné des coups de poing au moment de voler la voiture à la sortie d'un restaurant où il avait passé la soirée.
Franky D. invoque sa consommation d'alcool excessive -contrôlé environ deux heures après les faits avec 1,56 g/l d'alcool dans le sang- pour expliquer ses trous de mémoire. "Ce n'est pas crédible, vous avez bu deux fois moins que ce que vous dites (...) et à ce niveau-là, on ne perd pas la mémoire", rétorque Basile Ader, un des avocats de la famille Alléno. Ses réponses, même parcellaires, montrent qu'il a "conscience de la douleur et du mal" causés, assure Joseph Cohen-Sabban, autre avocat de Franky D.
"Je n'aime pas spécialement la vitesse mais j'aime les grosses voitures", admet le prévenu. En 2018, il avait perdu le permis pour excès de vitesse. Il l'a repassé avec succès il y a un an et demi.
"J'ai commis l'irréparable", regrette ce père de deux petites filles. Il assure que, sans alcool, "cela ne se serait jamais" produit. "L'alcool n'est pas une circonstance atténuante", rétorque Valérie Munoz-Pons, une des avocates des parties civiles, affirmant que si cela avait été un "simple accident", "il n'aurait pas fui".
Une proposition de loi
À l'écoute des témoignages des parties civiles, Franky D. comme ses deux co-prévenus, poursuivis pour vol en réunion, restent prostrés. Pour René A., 47 ans, le procureur requiert six mois d'emprisonnement et neuf mois avec sursis pour Sniper G., 20 ans. Franky D., qui comparaissait libre sous contrôle judiciaire, est notamment poursuivi pour homicide involontaire, avec au moins deux circonstances aggravantes. Celui qui avait déjà six condamnations à son casier judiciaire au moment du drame, encourt dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amendes.
Depuis ce drame, Yannick Alléno est devenu un ardent défenseur de la création d'un délit d'"homicide routier", proposition de loi qui devait passer en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, avant la dissolution en juin. La famille a créé l'association Antoine Alléno pour venir en aide à ceux qui ont perdu un proche victime de violence routière. La décision sera rendue le 28 novembre.