Plusieurs centaines d'habitants du quartier, de proches ou amis de la famille, et des collégiens sont venus rendre un dernier hommage à la jeune fille tuée le 14 octobre dernier. Une marche silencieuse et digne ouverte par des collégiens et la famille.
"Comme après un tsunami, tout ce que nous avions construit a été détruit. Le temps de la reconstruction sera long, avec toujours des interrogations. Se reconstruire à quatre sera difficile, car il manquera une cinquième à la place indélébile". Les mots d'une mère pour sa fille, lors de l'hommage parisien à Lola, tuée le 14 octobre dernier, dans sa résidence, au 119 de la rue Manin.
Ce mercredi, l'heure était au recueillement dans le XIXe arrondissement de Paris. Près de 300 personnes étaient venues rendre hommage à la jeune Lola, au cours d'une marche qui a débuté en milieu d'après-midi.
Un hommage dans la dignité
A 16 heures, le cortège, composé de la famille de la victime, de ses camarades du collège Georges-Brassens et autres riverains, s'est rassemblé, pour ce que la famille refuse d'appeler une "marche blanche".
En première ligne se trouvaient des enfants, suivis du père, de la mère et des frères de Lola, vêtus d'un t-shirt blanc à l'effigie de la collégienne et portant son prénom.
Des dizaines de collégiens entouraient la famille, vêtus de blanc. Sous la pluie, certains tenaient un parapluie d'une main, une rose blanche de l'autre. Dans un grand silence, la foule a marché vers le lieu du drame où le cortège s'est arrêté pour un instant de recueillement en musique.
Ici toutes les fleurs et les peluches ont été retirées, seule une petite mosaïque rose représentant le visage de Lola et apposée sur un mur, honore à jamais la mémoire de la jeune fille, enterrée le 24 octobre à Lillers (Pas-de-Calais).
La marche a pris fin à la mairie du XIXe arrondissement où les parents de Lola ont pris la parole publiquement pour la première fois. C'est sous une pluie battante que la mère de Lola a exprimé, avec émotion : "Devant tant de barbarie, chacun peut être tenté par de la colère, par de la violence à l'égard de la meurtrière et c'est légitime. […] Mais il ne faut pas répondre à la violence par la violence", a t-elle affirmé.
De multiples hommages
Dans le cortège, François Dagnaud, le maire du XIXe arrondissement. Selon lui, cette marche était "un moment important et utile pour partager ce temps d'émotion, partager ce deuil mais aussi continuer à aller de l'avant".
De nombreux riverains ou anonymes étaient également présents. "Ca fait 60 ans que je passe devant l'immeuble de Lola (...), c'est terrible", a confié un voisin à la retraite, que le meurtre a "complètement retourné".
Aucun signe d'appartenance à un mouvement politique ni aucune écharpe officielle n'étaient visibles dans le cortège, comme l'avaient demandé la famille.
"Lola aujourd'hui, c'est la fille de tous les Françaises et les Français. Je suis là pour elle", a témoigné une habitante du quartier. "Comme je suis maman, je suis là pour les parents. Perdre un enfant, c'est ce qu'il ya de plus insupportable", a poursuivi une autre participante à la marche.
D'autres disent attendre que justice soit faite en mémoire à la jeune fille. La mère de Lola a appelé à faire confiance "au temps long de la justice". "Nous comprenons le besoin de comprendre comment et pourquoi cette jeune femme a pu attenter de façon si odieuse à la vie d'une petite fille", a dit sa mère, appelant à un procès "exemplaire, à la hauteur de la violence subie par Lola et de l'horreur dans laquelle nous vivons".
La famille a annoncé qu'une fondation ou association serait créée en soutien aux enfants victimes de violence.