La présidente de la Région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM) a écrit une lettre aux associations d’usagers des transports franciliens. L’élue les appelle à interpeller l’Etat face à la hausse du passe Navigo qui se profile pour 2023.
Elle dit vouloir "mettre le gouvernement devant ses responsabilités". Dans une lettre adressée aux associations d’usagers, Valérie Pécresse appelle ces dernières à se mobiliser pour "demander (à l’Etat) d’inscrire dans le projet de loi finances 2023 les recettes fiscales nécessaires" pour éviter une explosion des tarifs du Navigo.
Engagée dans un bras de fer avec le gouvernement, la Région envisage une forte hausse du passe, ainsi qu’une augmentation du prix du ticket de métro, pour boucler le budget des transports franciliens. "L’heure est grave car malgré toutes mes tentatives pour obtenir de l’Etat de nouvelles recettes, le blocage du gouvernement dessine la voie d’un Passe Navigo à 90€, soit 20% d’augmentation", écrit Valérie Pécresse.
"C’est socialement totalement inacceptable pour nos concitoyens et ce serait une faute écologique dans un contexte où certaines lignes restent en grande souffrance, où notre réseau a besoin que l’on poursuive l’effort de modernisation et où la dégradation du climat social à la RATP plonge Paris dans le chaos", indique l’élue.
"Depuis des mois, nous avons proposé à la Première ministre et au ministre des transports toute une série de propositions qu’ils ont balayées d’un revers de main : baisse de la TVA, hausse du versement mobilité des entreprises, transformation en subvention de la dette Covid, taxe de séjour sur les hôtels de plus de 4 étoiles etc", explique Valérie Pécresse.
Une position que l’élue déplore alors qu’IDFM fait face à une "situation financière très tendue" liée à l’inflation, la crise sanitaire et le financement du Grand Paris Express.
"On ne comprend pas trop pourquoi le gouvernement ne ferait pas un geste"
"Oui l’Etat doit bouger mais la Région et IDFM ont aussi une responsabilité sur les tarifs et l’offre dégradée", réagit l’association Plus de trains ce mercredi sur Twitter.
"Nous n'avons pas attendu son courrier pour alerter sur la situation, réagit de son côté Marc Pélissier, président de l’association FNAUT-IDF. Avec la période Covid, on a observé une baisse importante des recettes et une augmentation des dépenses plus anciennes. La hausse du prix de l'énergie s’est ajoutée à ça. La crise énergétique rajoute des difficultés financières, mais elle ne participe pas à elle seule au trou de la caisse qui s'élève à près d’un milliard d’euros."
"Il y a eu un gel des tarifs pendant cinq ans, d'ailleurs on ne s’en plaignait pas, et il y a eu également un certain nombre de mesures tarifaires sympathiques comme le Navigo junior, le Navigo senior… Mais c'est avant tout le Covid qui a accru la chute brutale des recettes. Il aurait été probablement plus judicieux en termes de budget de faire des hausses de tarif limitées à 1 ou 2% par an ces dernières années", poursuit-il.
"Valérie Pécresse souhaite nous mettre en avant. Dans cette histoire, nous ne sommes ni pour elle ni pour l'État. On constate que le problème ne pourra se résoudre qu’avec un accord entre Valérie Pécresse et le gouvernement. Elle n'a pas beaucoup de leviers en main objectivement. Elle a eu le mérite de mettre le sujet sur la table, un peu trop tardivement sans doute, et c'est vrai que l'on ne comprend pas trop pourquoi le gouvernement ne ferait pas un geste pour soutenir les transports publics franciliens, comme il l’a fait pour le carburant par exemple", déplore Marc Pélissier.
Une délibération tarifaire doit être soumise le 7 décembre au conseil d’administration d'IDFM.