Alors qu’Anne Hidalgo présente ce mercredi le nouveau plan local d'urbanisme (PLU) "bioclimatique" de Paris, comment la capitale va-t-elle changer ces prochaines années ? On fait le point sur les nouvelles règles et les objectifs fixés par la Ville.
Selon la maire PS Anne Hidalgo, qui présente le nouveau PLU de Paris ce mercredi soir à l'Hôtel de Ville, le but est de faire face à deux urgences - l’une "climatique" et l’autre "sociale" - avec "un outil de planification stratégique pour faire baisser la température et lutter contre la pollution". Permis de construire, déclaration de travaux… Ce document, qui fixe le cadre des règles d’urbanisme, doit aussi guider l’aménagement de la capitale pour une décennie au moins.
Parmi les caps fixés par la municipalité : atteindre "40% de logements publics en 2035 dont 30% de logements sociaux et 10% de logements abordables pour les familles parisiennes". "Un choix politique pour protéger et défendre le pouvoir d’achat des familles de la classe moyenne aux plus modestes, des jeunes actifs, des étudiants et des retraités", affirme Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo.
Interdiction de nouveaux meublés touristiques "dans les quartiers où leur nombre est déjà trop important"
Dans un communiqué, la Ville liste une série de mesures, notamment l’identification de 1000 adresses "pour créer du logement social", et "la création de zone d’'hyper déficit' en logement social" dans des quartiers du centre et de l’ouest, dans lesquels "50% de chaque projet devra être consacré à du logement social".
La mairie annonce aussi l’obligation pour "tout immeuble de bureaux de plus de 5 000m² situé dans l’Ouest parisien" de "consacrer 10% de sa surface à la création de logements des logements dans les grands ensembles de bureaux", ainsi que "l’interdiction de la transformation des locaux commerciaux et des bureaux en meublés touristiques dans les secteurs en tension", par exemple au centre de Paris.
10 parcs "largement agrandis ou créés"
Autre objectif : atteindre 10m2 d’espaces verts par habitant. Au-delà de "la sanctuarisation de tous les espaces verts protégés", la Ville vise 70 hectares de nouveaux espaces verts, avec 10 parcs "largement agrandis ou créés". "Un grand parc métropolitain" verra également le jour dans le nord de Paris, de la Porte de la Chapelle à la Villette. À noter aussi que "le parc des berges de Seine ne pourra plus être ouvert à la circulation des automobiles".
La mairie veut aussi désimperméabiliser 40% de l’espace public d’ici 2050, et protéger "250 arbres remarquables" et "100 000 arbres d’alignement". La Ville confirme par ailleurs l'abaissement, de 250 à 150 m2, du seuil des parcelles à partir duquel s'appliquera une obligation progressive (jusqu’à 65%) de pleine terre au sol.
Le PLU vise également à "privilégier la rénovation" des bâtiments "dans une logique de sobriété énergétique", en faisant de la réhabilitation "la nouvelle norme" et de la démolition "l’exception". La mairie met notamment en avant l’"interdiction des constructions 100% béton", l’"interdiction des dispositifs de climatisation extérieure des bâtiments", mais aussi la végétalisation des toits, des façades et des cours.
80 nouveaux centres de santé, 13 gymnases et piscines et 11 bibliothèques et médiathèques
Pour développer "la ville du quart d’heure", le PLU prévoit "une ceinture verte et sportive autour du périphérique" ainsi que "des emplacements réservés" pour 80 nouveaux centres de santé, 13 nouveaux gymnases et piscines et 11 nouvelles bibliothèques et médiathèques. Galeries, librairies, disquaires, restauration… La mairie veut aussi "protéger les commerces de proximité existants", et créer "trois fois plus de locaux dédiés à l’économie sociale et solidaire".
La municipalité veut également "développer la logistique urbaine avec 50 nouveaux sites". La Ville cite enfin "l’interdiction définitive des dark stores et des dark kitchens" et "le doublement de la surface des locaux vélos dans les immeubles".
À noter par ailleurs la mise en place de "70 protections supplémentaires" concernant le patrimoine parisien, ainsi qu’"une zone de protection et de piétonnisation de la Butte Montmartre".
Un vote le 5 juin au Conseil de Paris
La dernière révision du PLU, amendée plusieurs fois, date de 2006. Début mai, les écologistes avaient annoncé avoir trouvé un compromis avec les socialistes et les communistes sur le nouveau plan, excluant les grandes hauteurs pour les immeubles dans les dernières zones à aménager de la capitale.
Le PLU "bioclimatique" doit être voté le 5 juin prochain au Conseil de Paris, puis fera l’objet d’une phase d’enquête publique. Le document, prévu pour entrer en vigueur en 2024, doit faire autorité jusqu'à l'horizon 2040.