Les prostituées s'inquiètent du "grand nettoyage de Paris" dénoncé par les associations avant le début des Jeux olympiques. Dans un rapport, 17 organisations évoquent une pression policière accrue à l'approche de l'évènement.
Dans le bois de Boulogne, Alexia reçoit ses clients dans sa fourgonnette depuis 18 ans. À l'approche des jeux de Paris, la quinquagénaire est inquiète de devoir revivre un nouveau confinement : "Comment est-ce qu'on va s'en sortir ? Ils veulent nettoyer pour l'image de la France. Nous, les filles, défendons nos clients parce que, grâce à eux, on paye notre loyer, notre sécurité sociale, notre mutuelle, notre nourriture et les vêtements qu'on porte".
À proximité de Roland-Garros et du Parc des Princes, deux futurs sites olympiques, depuis quelques mois, les contrôles policiers se seraient intensifiés. Si le travail du sexe n'est plus un délit depuis la loi de 2016 qui criminalise les clients, la police aurait d'autres leviers pour l'enrayer.
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D'après Elisa Koubi, coordinatrice du syndicat du travail sexuel, il y a "depuis le mois de novembre, décembre, une augmentation de la pression policière qui se traduit par une forme de harcèlement permanent des travailleuses du sexe, par des contrôles d'identité. Comme aujourd'hui ils ne peuvent plus mettre d'amende pour racolage public, ça devient des amendes pour stationnement, pour exhibition".
"On ne comprend pas que les policiers, au lieu de nous protéger, viennent nous contrôler"
Une répression accrue menée par les policiers partout dans Paris que vivrait Aying, travailleuse du sexe chinoise travaillant dans le quartier de Belleville et présidente de l'association Les roses d'acier : "C'est déjà très dur pour les femmes de travailler la nuit et on ne comprend pas que les policiers, au lieu de nous protéger, viennent nous contrôler. C'est arrivé à deux femmes sans -papiers le jour de Pâques. Les policiers savent très bien qu'il n'y a personne pour nous défendre les jours fériés, pour contester nos expulsions du territoire".
Après Londres en 2012, une sensation de déjà-vu
À l'approche des grands évènements sportifs, l'histoire semble se répéter, comme avant les J.O de Londres en 2012, où les travailleurs et travailleuses du sexe auraient été chassés de l'est londonien. "Ils ont mis en place un mensonge disant que des soi-disant esclaves sexuelles étaient emmenées à Londres pour être au service des spectateurs des J.O et des athlètes. C'était une invention totale et un moyen pour la police d'obtenir des financements supplémentaires pour lutter contre ce trafic", dénonce Niki Adams, porte-parole anglaise de l'english collective of prostitutes.
Contactée, la préfecture de police a refusé notre demande d'interview. De leur côté, les travailleuses du sexe s'organisent pour ouvrir le dialogue avec les autorités.