Depuis des mois, cette classe de 21 élèves de l'école maternelle Robert Estienne n'a pas d'enseignante fixe. Et c'est au directeur de prendre en charge les enfants. Les parents de cette école d'un quartier huppé de Paris tirent la sonnette d'alarme.
Depuis la rentrée, Marina Tocci accuse le coup. Son fils, Maxime est en CP. Il va à l'école dans le 8ème arrondissement à 500 mètres de l'Élysée. Cela fait plusieurs mois que les parents de ce quartier cossu de la capitale redoutent le moment d'emmener leurs enfants en classe.
"On ne sait pas s'il y aura une enseignante lorsqu'on dépose nos enfants devant l'école le matin", raconte Marina Tocci. La maman note que depuis le mois de septembre, les 21 enfants de la classe ont déjà connu quatre enseignantes différentes. "Entre les arrêts maladies des unes, et les mi-temps thérapeutiques des autres, on n'a pas de repères et nos enfants non plus. Il n'y a pas de continuité dans leurs apprentissages."
Une autre maman qui témoigne anonymement fait part de sa lassitude. "Cela dure depuis octobre. Les enseignantes ne sont pas toujours remplacées et les administrations nous expliquent que l'on doit s'estimer heureux lorsque c'est le cas", confie-t-elle.
Le directeur devenu enseignant
Face à cette situation, les équipes de l'école tentent de s'adapter. "Depuis quelques jours, c'est le directeur qui gère la classe en plus de ses autres missions. On doute que cela soit tenable sur la durée, car il doit également gérer la vie scolaire en général", affirme Marina Tocci.
Pour la maman, la situation de son fils représente un casse-tête au quotidien. "Il n'y a pas de communication avec les parents, donc on ne sait pas à quoi s'en tenir d'un jour sur l'autre. On ne peut pas toujours garder notre fils, ainsi, on doit s'adapter s'il n'a pas classe." Elle déplore également le fait que la progression de son fils en classe est impactée par cette situation.
L'inspection Académique répond
"Le CP est une classe importante et au bout de deux mois et demi, les enfants n'ont pas les bases. Mon fils peine en dictée et en lecture. L'instabilité de la situation enseignante rend le suivi des élèves impossible et tout le monde en souffre", souligne la maman. "Mon fils dit sans cesse à son père qu'il se sent nul", poursuit-elle.
Les enfants n'ont pas les bases
Marina Tocci, mère d'un élève de CP
Selon les parents, "les enfants sont déstabilisés et perdent leurs repères" du fait du manque d'accompagnement au quotidien. "On aide notre fils comme on peut en le faisant travailler à la maison, mais cela ne suffit pas. Avec les changements de maîtresse, suivre un programme est compliqué pour tout le monde."
Les parents d'élèves ont envoyé un courrier à l'Inspection Académique. Dans sa réponse en date du 21 novembre dernier, l'Inspection Académique estime avoir eu depuis le début de l’année quelque 4 remplaçants différents, mais ne pas avoir obtenu des moyens de remplacement dans la classe de CP. Elle assure également que le "rectorat a été des plus attentifs à pallier les absences."
Pour l'avenir, les parents ignorent si une enseignante sera devant les élèves d'ici la rentrée de janvier prochain. "La dernière qui était devant eux est en arrêt maladie jusqu'au 20 décembre, mais la date de son retour est repoussée sans cesse."
Contacté, le rectorat de Paris n'a pour l'instant pas répondu à nos sollicitations.