Pendant l’été, tous les dimanches, France 3 Paris Île-de-France vous propose une série d’articles consacrée à ces petites curiosités sur Paris et sa région. Cette semaine, on vous raconte comment les œuvres du Musée du Louvre ont été conservées sous durant la Seconde Guerre mondiale.
Le plus célèbre musée parisien a été privé durant le Seconde Guerre mondiale de quelques plusieurs milliers de ses œuvres. À partir de 1939, ce sont 3 691 peintures ainsi que de nombreuses autres oeuvres qui sont déplacés du Louvre vers des châteaux pour assurer leur conservation à l'approche de la guerre. Ainsi, des œuvres telles que la Joconde, la Vénus de Milo ou encore le Radeau de la Méduse sont transférées vers des châteaux comme celui de Chambord dans le Loir-et-Cher.
La question de la conservation des œuvres du Louvre en cas de conflit occupe dès le début des années 1930 l’esprit des dirigeants du Musée. "Il y a une vraie crainte concernant la protection des œuvres en temps de conflit qui émane du souvenir de la brutalité de la Première Guerre mondiale et des nombreux bombardements comme celui qui détruisit la Cathédrale de Reims. Cette crainte amène les pays à réfléchir dès le début des années 1920 à la question de la protection des œuvres d’art en cas de nouveau conflit", explique Néguine Mathieux, directrice de la recherches et des collections du Louvre.
De cette réflexion internationale naît une première collaboration ayant pour but de mettre à l’abri les œuvres du Musée du Prado à Madrid durant la Guerre Civile espagnole entre 1936 et 1939
Un plan de protection des œuvres du Louvre en place dès 1938
Ce sont les directeurs des musées nationaux, Henri Verne et Jacques Jaujard qui vont, dès 1938, face à un contexte international de plus en plus conflictuel, réfléchir aux questions de la conservation des œuvres du Louvre. "Il a d’abord fallu trouver des endroits éloignés des grandes villes où il y avait des risques de bombardements. Les espaces choisis devaient également proposer de bonnes conditions de conservation pour éviter les incendies qui avec les bombardements étaient une autre crainte pour les conservateurs" précise la directrice des collections. Une cartographie est alors dessinée et des châteaux sont désignés comme les lieux les plus sûrs pour assurer la pérennité des œuvres.
"On choisit ces lieux pour trois raisons distinctes. Premièrement, la solidité de leurs murs Ensuite, ce sont des lieux qui sont peu en proie à l’humidité et qui peuvent offrir des conditions de conservation favorables. Enfin, ils sont à la campagne et donc éloignés des grandes villes et des points stratégiques risqués", note la spécialiste.
Les transferts d’œuvres débutent en août 1939
Le 23 août 1939, les premières œuvres quittent le musée parisien en direction des différents châteaux destinés à les abriter. La Joconde est est ainsi transferée du Louvre seulement quelques jours avant le début de la Guerre avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie le 1er septembre de cette même année. Au total, ce sont 3 691 œuvres qui sont déplacées du Louvre.
Seules des œuvres jugées trop fragiles pour être transportées sont conservées entre les portes du musée. Ces œuvres sont protégées en étant placées dans les sous-sols. Le bâtiment est lui protégé par sacs de sable. En termes de logistique, le déplacement de ce grand nombre d’œuvres demande une organisation millimétrée et des moyens matériels très importants.
"C’est une organisation colossale, une entraide se met rapidement en place avec notamment l’utilisation des camions de la Comédie-Française qui ont l’habitude de transporter de grands décors" raconte Néguine Mathieux. En tout, 37 convois traversent la France entre août et septembre 1939 afin d’emmener les œuvres vers leurs lieux de protection respectifs. Au fur et à mesure que la Guerre évolue, certaines œuvres changent de lieu de conservation. Ainsi, la Joconde par exemple est d’abord conservée au Château de Chambord dans le Loir-et-Cher puis elle est déplacée au Château de Louvigny dans la Sarthe avant d’être transportée dans l'abbaye de Loc-Dieu dans l'Aveyron puis vers le musée Ingres de Montauban et enfin dans le Lot au château de Montal.
Les œuvres de retour au Louvre à partir de 1945
Dès juin 1944, les Alliés sont prévenus en amont des différents débarquements du lieu de conservation des œuvres afin d’éviter les bombardements. "A la suite de la Libération de Paris, les œuvres sont rapatriées progressivement au Louvre à partir de 1945" , explique la directrice des collections et de la recherche du musée. Ainsi, le Louvre a retrouvé ses plus belles œuvres après six ans de voyage à travers la France pour certaines d’entre elles.