Pointé du doigt ces derniers mois pour des scandales de pollution, le groupe Lafarge annonce qu'il réduit la capacité de production de béton de la centrale de Javel (XVe). Mais une association de riverains conteste ce chantier et souhaite que leurs revendications soient prises en compte.
Début septembre la diffusion d'images de rejets dans la Seine d’eau souillée provenant du nettoyage des camions toupies ou du lavage du quai de chargement et déchargement de la centrale à béton de LafargeHolcim avait fait bondir le collectif d'opposants au projet d’extension de la centrale à béton.
czPhotos à l'appui, les riverains du Port de Javel à #Paris pointent du doigt les camions-toupie de #Lafarge responsables de déversements industriels dans la #seine. #pollution pic.twitter.com/v71rH81WPH
— Antony Paone (@PaoneAntony) September 4, 2020
L’association des riverains du port de Javel, qui regroupe une centaine de copropriétaires du quartier qui milite depuis trois ans contre le projet avait engagé une procédure devant le tribunal administratif de Paris. L'audience au tribunal administratif concernant la demande d'annulation de l'arrêté préfectoral autorisant le chantier d'agrandissement de la cimenterie devait se tenir début décembre mais la société Lafarge a annoncé avoir renoncé à cet arrêté et avoir réduit la taille des installations. "Les capacités (de la centrale à béton du XVe, ndlr] passeront en effet de 120 000 m3 de béton par an, comme envisagé à l'origine, à 80 000 m3 comme annoncé dans les échanges avec les riverains. "La diminution importante de la capacité de production de la future centrale de Mirabeau correspond à une attente des riverains et des pouvoirs publics" est-il mentionné sur le site du groupe.
"Lafarge a évité de perdre devant la justice en demandant l'annulation de cet arrêté" se félicite Maryse Fourcade, la vice-présidente de l’Association des riverains du port de Javel. "Suite aux vidéos de rejet des déchets à la fois sur le site Lafarge du XVe mais aussi sur celui du quai de Seine dans le XIIIe arrondissement nous avons eu en septembre deux réunions de concertation avec le groupe" explique-t-elle.
"A-t-on réellement besoin de cet énorme volume de béton à Paris",
"Sur ces deux premières réunions, il n'est rien sorti de concret, on avait clairement le sentiment qu’on avançait pas". "On était face à des interlocuteurs qui bottait en touche sur toutes nos suggestions". "Avec l’épidémie de Covid, les réunions ont cessés, maintenant on nous annonce une réunion en janvier, mais nous ne sommes pas très optimistes, vu la langue de bois et la mauvaise foi qui nous a été opposés jusqu’à maintenant" poursuit-elle.
Un projet moins ambitieux. "Effectivement le projet sera moins étendu que la version précédente", reconnait-elle "mais il faut savoir c'est que cette centrale à béton après "modernisation"sera aussi grande qu'elle l'est actuellement !"
Des revendications concrètes. " Ce que nous demandons c’est la végétalisation du site : qu’on plante des arbres en pleine terre, et pas seulement des pots car sinon il ne résisteront aux années" continue, cette riveraine du XVe. "Pour l’instant il est prévu un malaxeur de 15 m de haut par 100 m de surface (l’équivalent d’un immeuble de cinq étages, précise-t-elle), nous souhaitons un déplacement du malaxeur pour que cela ne gêne pas les immeubles alentours".
Végétalisation, déplacement d'un malaxeur et problème de stockage des déchets
Troisième point, il faut que "Lafarge libère les quais sur lequel d'énormes barges à ciel ouvert sont installés pour stocker les déchets, dont d’ailleurs nous ne connaissons pas la nature", précise-t-elle. Notre association se bat depuis des années "contre un groupe qui possèdent 400 sites en France, et ce que nous voulons c'est arriver à un accord qui nous satisfasse ou que l’on abandonne totalement ce projet qui n’a aucun sens écologique économique". "A-t-on réellement besoin de cet énorme volume de béton à Paris, alors que la municipalité annonce vouloir faire baisser sa production dans la ville", s'étonne-t-elle.