A une semaine, jour pour jour, du début du printemps, la sève monte à Paris, comme en île-de-France. Vendredi 15 mars, c'est «Friday for Future» (grève pour le futur) mais aussi le jour du "Grand débat" dans les lycées...
«Friday for Future» : des bourgeons parisiens et franciliens
C'est avec un peu d'avance sur le printemps que le mouvement "grève mondiale pour le climat", qui a pris racine en plein cœur de l’hiver, éclot.Le "FFF" pour "Fridays for future" (en français "grève pour le futur") en est à Paris, comme en France, au stade des bourgeons.
Des bourgeons qui bouillonnent d'une sève revendicatrice...
A Paris, un collectif d’étudiants donne rendez-vous, chaque vendredi à la génération Climat à 14 heures devant le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Les élèves se réunissent, depuis le début du mois de février et ce jusqu’au 15 mars. Ils adressent chaque semaine au gouvernement "un devoir", une sorte d'ultimatum sur un sujet précis.
Si la copie n’est pas bonne, il nous faudra sanctionner, voire envisager une réorientation pour nos dirigeants » explique, sourire aux lèvres, Pimprenelle Pouillot, 19 ans, en licence de biologie à la faculté de Jussieu.
Une jeune femme engagée qui n'hésite pas à venir sur les plateaux de France Télévision pour expliquer ses revendications
Minuit 10 ? Focus sur le climat dans @Le_Soir3 avec nos invités
— Valérie Fourniou (@ValerieFourniou) 15 février 2019
Pimprenelle Pouillot-Chevara & Félix Ragues pour le mouvement #YouthForClimate Une jeunesse mobilisée pour la planète. Journal présenté par @sandrinearamon pic.twitter.com/j7zAFskxML
Première revendication de ces lycéens et étudiants : l'application de la déclaration d’un état d’urgence climatique et social et la réduction de 4 % par an des émissions de gaz à effet de serre dans le respect des accords de Paris.
Ces jeunes s'appuient également sur de nombreux textes comme les onze initiatives dans le monde entier du rapport de l'Observatoire Mondial de l'action climatique non-étatique ou encore l’appel de 700 scientifiques français qui exhortent les dirigeants à réduire d’urgence les émissions de gaz à effet de serre.
Antoine Soulas, étudiant en maths-physique et philosophie à l’Ecole normale supérieure, est l’un des fondateurs du collectif parisien. Il s'interroge :
Est-il utile de garder une sensibilité, une profondeur du rapport à la nature depuis l’enfance. C’est une vraie souffrance de constater ce qui se passe, et qui me pousse à m’engager plus loin que ce que je voudrais, parfois.
Le Grand grand débat dans les lycées...
Annoncé ce lundi, comme un zébulon sorti de sa boite, par le ministre de l’Education "il y aura dans tous les lycées un débat demain sur l’écologie".?@EducationFrance se mobilise aux côtés des lycéens dans la lutte c/ le changement climatique, pour la #TransitionEcologique et le développement durable.
— Éducation nationale (@EducationFrance) 11 mars 2019
?RDV pour débattre, agir, valoriser des projets et partager des ambitions sociétales et écologiques https://t.co/r7j3Vlu9tK pic.twitter.com/B6oyMyPvvv
De l'anti-sèche à la sèche !
L’utilité de ce Grand débat des lycéens ne serait-il pas "aussi" politique ?Rue de Grenelle, certains anticipent "une forte mobilisation" de la jeunesse, à tel point que le secrétaire d’Etat en charge du Service national universel, Gabriel Attal, a même prévu d’aller battre le pavé avec les étudiants. "Il faut accompagner le mouvement…" glisse un cadre en guise d’explication.
Le Grand débat dans les lycées... Un contre pied de Jean-Michel Blanquer ?
Une manière de respecter les préoccupations des élèves pour la planète, tout en les dissuadant de prendre la poudre d'escampette dans la rue, alors que le mouvement des jeunes pour le climat appelle à une grève mondiale des élèves et étudiants ce vendredi 15 mars ?
Dans les rangs lycéens, et notamment chez les jeunes militants écologistes, qui ont entamé il y a plusieurs semaines les premières grèves scolaires pour le climat en France, l’idée du ministre Blanquer est accueillie assez fraîchement et ils y voient plutôt une tentative pour les "endormir".
Sur les réseaux sociaux, une carte nationale des manifestations circule, les appels à la grève scolaire foisonnent : selon le collectif youth for climate (la jeunesse pour le climat).
On peut y lire, entre autre :
C'est pourquoi nous devons arrêter d'aller à l'école. Pourquoi devrions nous travailler sur notre avenir s'il n'y a pas d'avenir ?
De leur côté, un groupe d'enseignants a récolté près de 5 000 signatures à leur appel à participer à la grève internationale des étudiants et des lycéens du 15 mars et à reconduire le mouvement jusqu’à obtenir les changements profonds qui s’imposent.
Nous ne voulons plus être les instruments d’une propagande rassurante, qui rend invisible la catastrophe écologique. Nous devons accompagner nos élèves dans leur mobilisation en cette période cruciale. Si nous voulons limiter l’impact des catastrophes à venir, il nous faut agir. Appel des enseignant.e.s pour la planète.
À quoi va servir le Grand débat dans les lycées ?
De 16 heures à 18 heures, ce vendredi, les cours (s’il y en a à ces horaires) seront annulés et remplacés par un "temps banalisé" a annocé le ministère de l'éducation. Elèves et enseignants sont invités à formuler des actions concrètes et locales, par exemple sur les économies d’énergie ou le tri des déchets. La synthèse de ces propositions devrait être remise au gouvernement le 5 avril. Elles pourraient, in fine, alimenter le Grand débat et étoffer les programmes d’éducation au développement durable déjà en place dans de nombreux collèges et lycées.Le Grand débat dans les lycées... Mal engagé !
Annoncés par le ministre de l'Education, les débats sur le climat auront du mal à se tenir vendredi dans tous les lycées de France, préviennent des proviseurs, pris de court par cette initiative de dernière minute. Dépeche AFP de jeudi 14 mars, 16h58.
Dans certaines académies de la zone B, comme Strasbourg, Marseille ou Lille, c’est déjà la période des conseils de classe. Dans d'autres, "ils sont en préparations" comme nous l'ont indiqué certains lycées parisiens, quand ils ont bien voulu nous rappeler...
La décalartion de Philippe Vincent, porte-parole du principal syndicat des chefs d’établissements, le SNPDEN-Unsa, et proviseur à Marseille (Bouches-du-Rhône) n'a donc rien d'étonnant.
Nous avons des conseils de classe, et la visite de correspondants belges, entre autres… Cela va être compliqué de tout bousculer dans des délais aussi courts.
L’appel de Thunberg
Greta Thunberg a 16 ans. Elle habite en Suède. Son nom ne vous dit peut-être encore pas grand chose, mais vous l'avez déja, forcement, vue.
Bien sur, vous connaisez la photo de cette adolescente aux nattes blondes et à la moue détérminée qui porte une pancarte "grève scolaire pour le climat" !
En se faisant prendre en photo, semaine après semaine, depuis le mois d’août, dans cette posture devant le parlement de Stockholm, Greta Thunberg n’est pas seulement devenue l’une des écologistes les plus connues et les plus écoutées des ados sur les réseaux sociaux, elle a aussi lancé un mouvement mondial.
En Belgique, au Canada, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Australie, des milliers d’écoliers et d’étudiants l’imitent et sèchent l’école chaque fin de semaine pour réclamer de leurs gouvernements des actions concrètes pour le climat.
Depuis début février, des lycéens et étudiants français suivent et font exister sa question : Pourquoi étudier alors que l'humanité court à sa perte ?
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La valeur n'attend pas le nombre des années.
Pierre CORNEILLE - Le Cid, acte II, scène 2