Ce jeudi, un amendement sur le taux du versement mobilité (VM) doit être débattu par une commission du Sénat. Les associations d’usagers des transports appellent les élus à le relever. En augmentant cette contribution due par les employeurs, elles espèrent ainsi éviter aux Franciliens une hausse de l’abonnement du Passe Navigo.
Covid, inflation, hausse des coûts de l’énergie… La situation n’est pas au beau fixe pour Île-de-France Mobilités (IDFM). L’autorité régionale des transports subit en effet un enchaînement de crises depuis 2020 et fait face à un déficit de 950 millions d’euros. Des économies ont déjà été réalisées en interne, les collectivités locales ont, elles, accepté d’augmenter leur contribution de 7 % et La RATP et la SNCF ont également consenti un effort. Il reste donc à IDFM 450 millions d’euros à trouver avant 2023.
"Répartir les coûts entre tous les acteurs"
Pour couvrir ces besoins, l'abonnement mensuel Navigo pourrait augmenter, selon Île-de-France Mobilités, mais les associations d’usagers espèrent répartir les frais entre les différents acteurs du transport dans la région. "On voit bien que les transports publics vont mal. Notre conviction, c’est qu’il faut de l’argent pour remettre le système à flots, d’autant que les tarifs n’ont pas augmenté depuis 5 ans. Mais avec une hausse 'coup de massue', les usagers vont être détournés des transports publics et prendre davantage leur véhicule personnel", explique Arnaud Bertrand, président de Plus de trains.
Avec la Fédération nationale des associations d'usagers des Transports (FNAUT), Plus de Train a lancé un appel aux sénateurs. Les parlementaires doivent en effet examiner ce jeudi l’amendement sur le taux du versement mobilité. "Un plan a été proposé pour mettre à contribution les entreprises et les collectivités locales et équilibrer la situation de chaque financeur (chacun augmenterait sa contribution d’environ 7 %) (…) sans cette contribution et sans autre aide, les tarifs augmenteraient de 20 % ou plus début 2023", expliquent les associations dans une lettre.
« La double peine pour les entreprises franciliennes »
De son côté, le MEDEF Île-de-France évoque une double peine pour les entreprises franciliennes. Selon Daniel Weizmann, président de l’organisation patronale, cette taxe, indexée sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés, représente déjà près de 60% du budget d’Île-de-France mobilités.
Selon lui, la hausse du nombre d’emplois et l’augmentation des salaires liés aux difficultés de recrutement ont fait augmenter la masse salariale de 10 % entre 2021 et 2022. "En 3 ans, les entreprises franciliennes ont augmenté leur contribution aux transports de 500 millions d’euros, soit 5 %. Nous ne voulons pas payer au-delà, d’autant qu’en 2023, les salaires devraient encore augmenter du fait de l’inflation", avance ce représentant des entreprises franciliennes.
Pour Daniel Weizmann, ce serait donc à l’État de voler au secours d’Île-de-France mobilités.
Valérie Pécresse en appelle au gouvernement
Une position partagée par Valérie Pécresse. La présidente de la région Île-de-France a réclamé au gouvernement une baisse de la TVA sur les transports en commun à 5,5 % contre 10 % actuellement. Un effort qui permettrait de dégager 150 millions d'euros supplémentaires en 2023. "Je trouve totalement injuste et socialement insupportable que les voyageurs financent seuls les énormes besoins de 2023", a regretté Valérie Pécresse qui n’a pas obtenu de réponse.
Le vote des futurs tarifs devrait être définitivement tranché lors du conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités, le 7 décembre prochain.