De nombreuses stations-services ferment leurs portes en Île-de-France du fait de la pénurie de carburant. Conséquence, les sociétés de covoiturage observent une augmentation des demandes sur leurs plateformes depuis une semaine.
Le covoiturage a le vent en poupe. Après la hausse du prix, la pénurie de carburant pousse les habitants de la région à partager leur véhicule pour des déplacements du quotidien. Alors que les grèves chez TotalEnergies et Exxon entrent dans leur deuxième semaine, les sociétés de covoiturage observent une augmentation de la fréquentation de leurs applications. C’est le cas pour l’entreprise Karos.
Son PDG Olivier Binet constate que la fréquentation de sa plateforme a augmenté de 40% sur les derniers jours en Île-de-France. "Ce sont souvent des gens qui n’ont pas le choix et qui découvrent le covoiturage pour la première fois", commente ce dernier au sujet de ces chiffres. Il observe néanmoins que "près de la moitié de ceux qui s’inscrivent restent ensuite, pour commander d’autres trajets". Une donnée qu’il estime " encourageante, car le covoiturage peut, permettre d’importantes économies de carburant". Néanmoins, il admet que "cela reste une alternative à court terme pour de nombreuses personnes", au vu des fermetures des stations-services
"Les gens cherchent une solution dans l’urgence"
Lorsqu’il s’agit d’évoquer les raisons derrière ces statistiques, celui-ci note que "les conducteurs auxquels il ne reste que très peu de carburant, cherchent des solutions dans l’urgence au même titre que ce qui s’était passé lors des grèves dans les transports fin 2019". Sur la nature des trajets effectués, il insiste sur le fait que "cela reste des trajets domicile-travail pour la plupart". Même dynamique chez d’autres acteurs du secteur comme Klaxit.
Les statistiques de fréquentation de l’application sont en hausse de 80% depuis la semaine dernière selon David Di Nardo, directeur du développement commercial. "Au-delà des particuliers, beaucoup d’entreprises qui ne peuvent pas mettre en place le télétravail ont fait appel à nous pour emmener leurs collaborateurs sur le lieu de travail", note-t-il. Enfin, la plateforme Blablacar a enregistré deux fois plus d’inscriptions ce lundi en région parisienne par rapport à la semaine dernière.
En ce qui concerne l’impact du covoiturage sur les réserves d’essence, Olivier Binet rétorque que "nous avons conscience que le covoiturage massif ne peut être qu’alternative à court terme, mais le fait d’y recourir permet également de limiter le nombre de voitures qui circulent et donc d’économiser du carburant".
De plus en plus d’adeptes en Grande Couronne
Les dirigeants observent également que la pénurie influe sur la nature des trajets empruntés. Beaucoup d’utilisateurs recourent au partage de véhicules depuis les banlieues périphériques à la capitale. Chez Karos, les trajets en provenance ou à destination de la Grande Couronne représentent 80% du trafic. Sur la plateforme Blablacar, les trois villes les plus prisées par les utilisateurs sont Etampes en Essonne, Rambouillet dans les Yvelines et Meaux en Seine-et-Marne.
Pour Klaxit, la Grande Couronne fait également partie de la majorité des trajets. "C’est un plus pour les gens dont l’accès au transport en commun est limité et quand le carburant vient à manquer, nous représentons une solution alternative viable."