Alors que la préfecture de police a présenté ce mercredi plusieurs mesures de sécurisation des lieux proches des compétitions olympiques, avec quatre périmètres de circulation, l’Umih Île-de-France déplore un dispositif "trop compliqué" pour l'hôtellerie-restauration.
Des fouilles, des restrictions de la circulation routière et des dérogations. En vue des Jeux de l’été 2024, la préfecture de police (PP), les organisateurs de Paris-2024 ainsi que les mairies de Paris et Saint-Denis ont présenté ce mercredi les différents périmètres prévus autour des sites olympiques et paralympiques, dans le cadre d’une conférence de presse.
Quatre types de zones de sécurisation seront mis en place, avec d’abord des périmètres "organisateurs" réservés aux personnes munies d'un billet ou accréditées, comme les athlètes, les journalistes ou encore les prestataires de services. Le dispositif prévoit aussi des "zones grises" de protection, avec des fouilles.
Pour ce qui est des restrictions de circulation, deux autres périmètres seront déployés : des "zones rouges", au plus près du site, avec une l’interdiction de circuler sauf pour les personnes munies d’une dérogation (par exemple pour les véhicules d’urgence ou les riverains disposant d’un parking) ; et des "zones bleues", pour "dévier la circulation de passage autant que nécessaire", et où seules les personnes qui vivent, travaillent ou souhaitent se rendre dans un restaurant ou un commerce pourront se déplacer en voiture.
Concernant les dérogations, la préfecture de police évoque notamment la nécessité de s'enregistrer sur une plateforme en ligne "encore à l'étude" (qui devrait ouvrir au début du printemps 2024) pour fournir des justificatifs, et obtenir une attestation sous la forme d’un QR code à présenter lors des contrôles. A noter que les restrictions de circulation ne concernent que les véhicules motorisés selon la PP, et non les déplacements à pied et à vélo.
Pour ce qui est de la cérémonie d'ouverture, un périmètre strict de circulation est annoncé. Et les habitants qui souhaitent inviter des proches pour regarder le spectacle depuis chez eux devront déclarer l’identité des invités sur la plateforme numérique. Quant à la jauge d'accueil du public pour l'événement, elle devrait être finalisée au printemps prochain.
"Si vous décidez d’aller au resto mais qu’il est demandé de s'inscrire sur une plateforme, beaucoup de personnes vont renoncer"
Du côté du secteur de l'hôtellerie-restauration, Frank Delvau, le président l’Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Île-de-France déplore "un dispositif qui semble trop compliqué". "On a un peu du mal à traduire les règles établies dans le langage commun, réagit-il. Interdiction de circulation dans les zones rouges, restriction du trafic de transit dans les zones bleues… Et si vous décidez d’aller au resto mais qu’il est demandé de s'inscrire sur une plateforme pour avoir un QR code, vous imaginez bien que beaucoup de personnes vont renoncer."
"Ça va nuire aux commerces, ce n’est pas assez simple, poursuit-il. Nous ne sommes pas satisfaits. Et je ne parle même pas de la cérémonie d’ouverture… Ça ne peut pas fonctionner, un certain nombre de commerçants préféreront rester fermés. On demande une indemnisation sur toute la période JO. En zone rouge, comment travailler sans véhicule motorisé ? Pour les transports en commun, ça va être très compliqué aussi. On comprend les contraintes de sécurité mais le compte n’y est pas."
"Paris est une ville très touristique, avec d’habitude beaucoup de visiteurs en juillet et août. Il est évident qu’un certain nombre ne viendront pas, les règles liées aux JO sont difficilement compréhensibles. Comment va-t-on circuler dans la capitale ? Ça va être une catastrophe et ça va dégoûter beaucoup de monde", souligne Frank Delvau.
L’annonce fait également réagir des élus. "C'est juste sidérant. C'est encore pire que ce qu'on pouvait craindre. Je n'ai pas connaissance de telles restrictions et contrôles de déplacement lors des précédentes éditions de JO", déplore notamment sur X le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel.
C’est juste sidérant. C’est encore pire que ce qu’on pouvait craindre. Je n’ai pas connaissance de telles restrictions et contrôles de déplacement lors des précédentes éditions de JO y compris dans des pays qui ne sont pas réputés être des démocraties ! https://t.co/Bcdfe5xfmR
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) November 29, 2023
Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, doit être auditionné jeudi par le Sénat, dans le cadre d'une mission de suivi de l'application de la loi sur la sécurité des JO, adoptée mi-avril.