Pas d'accès à des vestiaires et même à des points d'eau pour se désaltérer. Les gilets violets, présents pour conseiller les touristes de passage pour les Jeux olympiques, auraient des conditions de travail difficiles. L'inspection du travail est intervenue. Leurs employeurs réfutent toute polémique.
Leurs gilets, violets, sont omniprésents sur les quais de métro, de tramways, ou à la sortie des transports qui desservent les sites olympiques. 3 600 personnes ont été recrutées pour aiguiller les touristes venus spécialement pour l'occasion, juste pour la période des JO de Paris.
À l'instar de Médina, une jeune femme âgée d'une vingtaine d'années : "Je fais du 6h/16h sur 4 jours pendant les JO. J'aime beaucoup la relation avec les voyageurs, même si certains touristes sont un peu 'relous'. Mais à la fin de la journée je suis cassée. Quand je rentre, je me lave et je me couche."
Plusieurs gilets violets, interrogés par France 3 Paris Île-de-France, rapportent des conditions de travail difficiles avec de très longues journées passées debout et peu de pauses. Un étudiant, qui préfère taire son nom, indique par exemple n'être "pas très bien payé pour des journées aussi longues". "Je m'y suis pris tard pour trouver un travail pour l'été, ça me permet de régler mon loyer qui n'est pas trop cher. Je suis content d'avoir trouvé ce travail, mais je ne le referai pas", poursuit-il.
Saisie de l'inspection du travail
C'est François-Xavier Arouls, co-secrétaire du syndicat Solidaires RATP, qui, le premier a tiré la sonnette d'alarme. Ce dernier a été alarmé par le témoignage de certains de ces salariés qui travaillent pour deux sociétés prestataires de l'entreprise de transports publics : City One et Samsic (cette dernière n'a pas répondu à nos sollicitations). Il a saisi l'inspection du travail, le 31 juillet dernier.
"Personne de ces sociétés ne gère ces salariés sur place, c'est la RATP qui le fait. Ils n'avaient pas de locaux, pas de vestiaires, pas d'endroit où se restaurer, pas d'eau. Certains salariés m'ont dit que même pendant la période de forte chaleur, il y avait des bouteilles d'eau à distribuer pour les usagers mais qu'ils ne pouvaient pas les prendre", affirme-t-il.
Nicolas Lixi, président du groupe City One, regrette la polémique et préfère mettre l'accent sur "une ambiance plutôt joyeuse et enthousiaste".
Le dirigeant avance que l'ensemble des salariés n'est pas soumis à des amplitudes aussi longues et que les contrats diffèrent selon les demandes de la RATP : "la seule contrainte de cette prestation, effectivement, c'est qu'il y a des postures de station debout qui sont un peu longues. Pour compenser, on a une sorte de planning à la carte où l'on permet aux gens de se booker sur tel ou tel jour de prestation. Si la personne se sent trop fatiguée, elle a la possibilité de ne pas contractualiser une journée de prestation et de revenir quelques journées plus tard."
Beaucoup de jeunes et d'étudiants
Ainsi, environ la moitié des gilets violets sont des étudiants déclare City One, dont le groupe est surtout présent en France mais aussi au Bénélux et au Maroc. "Beaucoup font 2 jours et repartent une journée. Pour la plupart, ce n'est pas un emploi pérenne, c'est une manière de gagner un peu d'argent. L'activité fluctue beaucoup. Par exemple, le jour de la cérémonie d'ouverture, nous avions beaucoup de salariés sur les Champs-Élysées pendant quelques heures. Il y a énormément de contraintes de flux et de service à gérer", poursuit-il.
Le dirigeant du syndicat Solidaires, François-Xavier Arouls, aimerait que la RATP se préoccupe plus du sort de ces salariés, même s'ils sont extérieurs : "C'est à elle, en tant que service public, de veiller aux conditions de travail des salariés."
Contactée, l'entreprise répond qu'elle "est particulièrement vigilante sur le sujet" et qu'elle a "mis à disposition des prestataires des locaux qui sont leur lieu d’attachement (prise et fin de service) afin qu’ils puissent y déposer leurs effets personnels" et que "chaque personnel prestataire a accès sur le site où il travaille aux sanitaires et à un point d’eau".
Selon la RATP, les missions des gilets violets seraient même proches de celles d'autres employés qui pratiquent, par exemple "l'information voyageur", ce qui "nécessite d’être au contact des voyageurs, donc debout, au même titre que l’ensemble du personnel évoluant dans les espaces (agents RATP, saisonniers, etc.)".
Crainte sur les contrats
Mais François-Xavier Arouls, du syndicat Solidaires RATP, relève que "l'inspection du travail est bien intervenue sur des sites de la RATP, ce qui est plutôt une bonne chose". Depuis, les conditions de travail auraient évolué. Pas tant sur l'amplitude horaire, réglementaire, ni sur le salaire (smic horaire), mais sur l'accès à des vestiaires et à des points d'eau.
🟪 Derrière ces gilets violets se cachent probablement des contrats précaires, de 2, 4 ou 15 jours payés au SMIC, avec des journées de 10 heures dans les couloirs du métro ou en plein soleil
— La Gauche communiste écologiste et citoyenne (@GaucheComIDF) August 7, 2024
Voici un exemple d’annonce à laquelle ils et elles ont répondu : https://t.co/bL9BHdBMH1 https://t.co/zUy5E98RnV pic.twitter.com/Hy54ZWcF7r
Désormais, le responsable syndical a l'œil sur les contrats de travail de ces personnes employés en tant que CDD sur une durée hebdomadaire : "On va veiller à ce que la RATP fasse le nécessaire auprès de ces prestataires et on espère surtout qu'il n'y a pas de frais de main-d’œuvre illicite à travers ces contrats."