Ils se sont donné rendez-vous au Carrefour des Quatre Chemins entre Pantin et Aubervilliers. Dix maires de Seine-Saint-Denis appelaient à un rassemblement hier soir pour dénoncer les trafics qui pourrissent la vie des habitants, en particulier celui de cigarettes.
Devant la sortie de métro Aubervilliers-Pantin Quatre Chemins, c'est une transition discrète et illégale qui s'opère comme des dizaines d'autres par jour. Un paquet de cigarettes change de main contre quelques euros.
Un produit de contrebande importé de pays étrangers ou de la contrefaçon faite de tabac frelaté. Des paquets qui coûtent deux à trois fois moins cher que ceux vendus légalement. Malgré les risques pour la santé, les acheteurs sont au rendez-vous : "Pour les fumeurs, c'est rentable, ça coûte moins cher puisqu'au tabac ça n'arrête pas d'augmenter. Quand on est fumeur ce n'est pas facile d'arrêter donc ils viennent ici pour s'approvisionner", confie un vendeur à la sauvette.
Le trafic de tabac s'organise comme le trafic de cannabis. La personne à la tête de l'opération approvisionne un appartement nourrice pour y stocker les cartouches et un livreur répartit les paquets parmi les revendeurs. Des vendeurs qui font désormais partie du paysage.
Une justice impuissante
Ces marchands de rue sont majoritairement des hommes immigrés en situation irrégulière. L'année dernière à Pantin, 180 personnes ont été interpellées et déférées devant la justice impuissante. "Vous ne pouvez pas mettre une amende à quelqu'un qui n'est pas solvable. Souvent, ils n'ont même pas de compte en banque. Vous ne mettez pas en prison quelqu'un qui est en possession de cinq ou six paquets de cigarettes de contrefaçon donc il y a des interpellations, il y a des gardes à vue mais ça ne va jamais très loin", se désole Bertrand Kern, maire (PS) de Pantin.
En 2020, l'Île-de-France comptait quatre principaux points de vente, il y en aurait aujourd'hui entre 100 et 120.