Pour recharger les voitures électriques, l'Île-de-France manque de jus

Les ventes de voitures électriques ont connu une forte croissance ces dernières années. Mais les bornes de recharge sont-elles en nombre suffisant, notamment en Île-de-France ? Tour d’horizon, dans les rues, les maisons et les parkings de nos immeubles.

Une voiture électrique sans borne de recharge, c’est comme une voiture thermique sans station-service. Point de salut. Or, la région parisienne, en la matière, n’est pas la mieux dotée du territoire national.

Selon les tout derniers chiffres d’Enedis, l’Île-de-France comptait fin 2021, 81 points de charge accessibles au public pour 100 000 habitants… contre 108 points en Occitanie. Mais la dynamique est là : le nombre de ces points de charge a presque doublé entre 2020 et 2021, en région parisienne. Fin 2021, l’Île-de-France comptait ainsi 10 113 points de charge publics.

Dans le même temps, la part des ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables s’est envolée, elle aussi, passant de 11,2 % à 18,3 %, selon la Plateforme automobile.

 

C’est dans les parkings des immeubles que les bornes sont les plus nombreuses. On en dénombrait ainsi 107 367 fin 2021, en Île-de-France, selon une estimation d’Enedis.

Des bornes, comme celles qui ont vu le jour en janvier dans une résidence de Neuilly-sur-Seine. Sur les 40 places du parking, une dizaine devraient être équipées à terme de boîtiers individuels d’une puissance de 7,4 kW. Grâce à ces bornes, “il suffit de deux heures pour redonner environ 50 km d’autonomie à un véhicule”, explique Olivier Toggenburger, chargé du développement commercial de Park’n Plug.

Dans cette résidence, Edouard, l’un des copropriétaires, a présenté le projet à ses voisins. Pourtant, c’est bien dans une voiture à essence familiale qu’il circule aujourd’hui. “Je pense changer de voiture dans les prochains mois, et l’électrique c’est l’avenir ! En plus, après en avoir discuté avec d’autres habitants, cette installation va donner de la valeur à notre copropriété”, explique-t-il. Le chantier aura duré une semaine, après plusieurs mois de travaux préparatoires.

Un financement pour accompagner les copropriétés

La douloureuse question reste toutefois celle du financement. Car pour équiper le parking d’un immeuble, il faut le doter bien souvent d’un nouveau point de livraison, d’un disjoncteur et de tout un réseau de câbles… Avant d’aboutir aux bornes individuelles. C’est cette infrastructure collective qui est la plus coûteuse : plusieurs milliers d’euros, pris en charge jusque-là par la copropriété. Avec, certes, des subventions, comme le dispositif Advenir, pouvant couvrir la moitié des dépenses.

Début janvier, la Banque des territoires, le guichet de la Caisse des dépôts, a lancé Logivolt territoires. Un dispositif qui propose de prendre en charge le financement de l’infrastructure collective dans les résidences privées, à la place des copropriétaires. “Au fur et à mesure que les habitants demanderont leur raccordement individuel, on se remboursera. La copropriété n’avance pas d’argent”, explique Olivier Sichel, directeur de la Banque des territoires, qui vise 125 000 points de charge supplémentaires en France d’ici 2024.

 

Pour les syndics de copropriétés, c’est une bouffée d’oxygène et le gage d’une assemblée générale apaisée. “La difficulté était de se retrouver face à des copropriétaires dotés de voitures thermiques, à qui on demandait de financer des bornes électriques. Ils ne voulaient pas préfinancer. C’est logique”, explique Olivier Safar, en charge de 700 résidences en Île-de-France.

Le syndic prend alors l’exemple d’une copropriété dans laquelle la question de l’équipement était à l’ordre du jour “depuis trois ans”. “Il y en avait pour 6 ou 7 000 euros d’installation. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à préfinancer. La majorité des copropriétaires a adopté le projet”.

Depuis l’annonce de cette mesure, les installateurs de bornes voient d’ailleurs leurs carnets de commandes se remplir. Dans un parking, “c’est souvent l’offre qui crée la demande”, souligne Jacques-Alexis Bon, directeur des opérations chez Watt, l’une des entreprises du secteur. “Sur tous nos immeubles dotés d’un parking, nous avons une demande d’équipement en bornes électriques”, poursuit Yves Hamelin, syndic de copropriétés dans les Hauts-de-Seine.

Vers un partage des bornes en zones rurales

Au-delà des grandes copropriétés, à l’écart de la ville, le problème de la charge des voitures électriques se pose. Que faire si son véhicule est à court de batterie avant d’arriver à destination ? Faute de bornes publiques suffisantes, la solution passe peut-être par la mise en location des bornes privées. Celles que l’on peut trouver chez un particulier.

L’entreprise francilienne Wattpark propose ainsi aux propriétaires de bornes de les mettre à disposition via une application, contre rémunération. Une façon aussi d’amortir son investissement. C’est le choix fait par Alexandre, propriétaire d’un véhicule hybride rechargeable, et de la borne électrique qui va avec. Une borne de 3,7 kW, la moins puissante du marché, mais la plus simple à installer, sans travaux d’infrastructure. “Le fait de pouvoir dépanner les voisins, de monétiser notre borne, ça nous a aidé à nous décider.” Recette attendue par Alexandre : 50 euros par mois.

Gîtes, centres commerciaux, maisons individuelles… Une centaine de ces bornes sont pour l’heure déployées dans toute la France. Pour Lucas Berchadsky, responsable des opérations de Wattpark, elles sont “un réseau privé-public”, au service de l’électrique.

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