Alors que la présidente de la région Île-de-France a présenté un plan pour rendre accessible l'ensemble du métro parisien (estimé à 15 à 20 milliards d'euros), de nombreux élus et associations affichent leur scepticisme. Voici pourquoi.
"Utopique", chantier aux "nuisances considérables", financement incertain : l'idée lancée par Valérie Pécresse de rendre accessible l'ensemble du métro parisien aux personnes à mobilité réduite a été accueillie timidement par les différents acteurs, qui s'accordent malgré tout sur la nécessité de travailler sérieusement cette question.
Lundi, la présidente de l'autorité des transports régionale Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse a partagé son souhait de rendre le métro accessible aux personnes à mobilité réduite, un projet à 15 à 20 milliards étalés sur vingt ans de travaux, d'après elle.
Outre les personnes en fauteuil, ce projet peut faciliter la mobilité, dans une société vieillissante, de tous ceux qui ont des difficultés à marcher, dans une capitale qui consacre de plus en plus de place aux piétons et aux cyclistes.
600 à 800 millions d'euros pour la ligne 6
Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports franciliens, concède que le chantier passera de toute façon par une phase d'étude assez considérable. À l'heure actuelle, l'autorité dispose d'une seule étude sur la mise en accessibilité de la ligne 6, partiellement aérienne, et qui coûterait entre 600 et 800 millions d'euros.
Outre les travaux pour la création d'ascenseurs à chaque station, il faudrait, pour les fauteuils roulants, relever les quais dans d'innombrables stations pour les mettre au niveau des rames, avec "une multitude de chantiers très pénalisants pour les usagers".
La Fnaut se dit ainsi favorable à des aménagements de type escalator ou ascenseurs pour les personnes âgées, en béquilles, avec poussette ou bagages, "mais un grand plan pour rendre accessibles toutes les stations de métro, cela paraît utopique, et contestable si c'est fait au détriment d'autres projets" comme des prolongements de ligne ou l'amélioration de la qualité de service, avance l'association.
18% des stations de métro accessibles à Londres contre 9% à Paris
D'après Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité d'APF-France Handicap, "il se rénove deux à quatre stations par an, en dix ans, cela peut concerner 20 à 40 stations", sans nécessité de rénover les plus de 300 stations du réseau. Il cite l'exemple du métro de Londres, où les JO de 2012 ont joué un rôle d'accélérateur avec 18% de stations aujourd'hui accessibles.
"À Paris, on est bloqué à 9% des stations", déplore-t-il. La RATP revendique d'être passée de neuf à 31 stations accessibles entre 2017 et 2024, mais c'est presque uniquement dû aux nouvelles gares ouvertes sur les lignes 11 et 14.
Nicolas Mérille, invite d'ailleurs IDFM, la ville de Paris et l'État à se réunir le 5 septembre dans les locaux de l'association pour "réfléchir à la mise en place d'un plan". Son association demande "qu'à chaque rénovation de station de métro, on prenne en compte le paramètre de l'accessibilité".