Pour lutter contre la pénurie de chauffeurs de bus, la RATP souhaite mettre en place une prime de "présence" allant jusqu'à 450 euros et récompensant l'assiduité des agents. Cette annonce fait d'ores et déjà l'unanimité contre elle, la CGT premier syndicat de la régie ou FO, ainsi que des agents, la dénoncent.
La réaction des syndicats de la RATP ne s'est pas fait attendre, alors que la direction du groupe a annoncé vouloir mettre en place une prime mensuelle de "présence" pour faire face à la pénurie de chauffeurs de bus et palier l'absentéisme. Objectif : récompenser financièrement les agents qui ne prennent pas d'arrêt de travail.
Une prime de 450 euros sur 3 mois
Cette prime serait attribuée de façon progressive chaque mois, à partir de la fin du mois d'octobre, à raison de 100 euros le premier mois de présence continue, 150 euros le deuxième mois, et 200 euros le troisième mois, annonce Radio France, confirmant une information du Parisien.
Les conducteurs pourraient alors recevoir jusqu'à 450 euros après trois mois consécutifs sans absence, hors congés réguliers. Le compteur mensuel serait remis à zéro dès le premier jour d'absence au travail, dans le but "d'inciter" les conducteurs de bus à ne pas s'arrêter.
D'après un document interne à l'entreprise que franceinfo s'est procuré, 13 motifs d'absence entraîneront le non-versement de la prime. Il peut aussi bien s'agir des absences sans solde que des arrêts maladie, des accidents du travail, d'une absence pour enfant malade ou encore pour un jour de grève.
Cette prime exceptionnelle vise à "améliorer l'offre de service", indique la RATP, qui assure vouloir "saluer l'engagement et l'investissement des conducteurs de bus présents à leur service". La régie de transport d'Île-de-France fait face à une "période d'exploitation difficile", qui se traduit notamment par un manque de chauffeurs de bus. D'après la direction, il reste 800 offres d'emploi de chauffeurs de bus à pourvoir. Il faudrait 2 000 recrutements, avance, quant à elle, la CGT de l'entreprise.
La direction de la RATP qui souhaite "améliorer l'offre de service", assure vouloir "saluer l'engagement et l'investissement des conducteurs de bus présents à leur service".
Dans un communiqué, la direction du groupe assure que : "Tout employeur est légitime à fixer les modalités de versement de ce type prime de 'présence', à la condition que les absences (quel que soit leur motif) sont traitées de manière identique, ce qui est le cas".
En effet, depuis plusieurs mois, la Régie autonome des transports parisiens peine à recruter. Il manque 800 conducteurs de bus, selon des chiffres du groupe communiqués fin septembre. Et les temps d'attente entre chaque passage s'allongent entraînant la colère des usagers.
Pour faire face à la situation, la régie a mis en place différentes opérations séduction pour recruter, comme des jobs datings, des parrainages dits "gagnants" (les collaborateurs de la RATP peuvent gagner jusqu'à 300€ en prime s'ils permettent l'embauche d'un nouveau conducteur de bus.)
"Inacceptable" pour la CGT RATP
Contactée, la CGT RATP Bus ne décolère pas. "Notre position est claire, on est totalement opposé à ce mode de prime totalement injuste", affirme Cemil Kayisiz, Sécrétaire général CGT RATP Bus. "Il y a des droits constitutionnels, comme des jours pour enfant malade, pour s'occuper de ses parents malades, des jours de grève." Et de poursuivre : "C'est semer le doute sur les gens qui s’arrêtent pour maladie, ou pour s'occuper d'un parent, en les prenant pour des fraudeurs", ajoutant que "la direction du groupe est responsable de la pénurie de chauffeurs".
"Si la direction veut retrouver une attractivité dans le métier, elle doit revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail", ajoute le secrétaire général de la CGT RATP-Bus.
L'Unsa-RATP, quant à elle dénonce "une provocation". Pour FO, "Personne ne veut de cette prime."
Cette prime de "présence" pourrait être mise en place jusqu'à la fin de l'année.