Quatre jours après l'annonce du départ anticipé du proviseur du lycée Ravel, démissionnaire en raison de menace de mort, le principal syndicat des chefs d'établissements, le SNPDEN-Unsa s'est exprimé pour la première fois vendredi et a apporté son "soutien" au proviseur.
"Nous sommes debout, pour dire qu'on ne reculera pas", a martelé Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissements, lors d'une conférence de presse.
Ce syndicat s'exprimait pour la première fois, quatre jours après l'annonce du départ anticipé du proviseur du lycée Ravel, qui a causé un vif émoi chez les enseignants et au sein de la classe politique.
"C'est intolérable d'être obligé de se mettre en retrait et d'être protégé quand on est chef d'établissement", a poursuivi Bruno Bobkiewicz, annonçant que son syndicat s'est constitué partie civile dans cette affaire.
À ses côtés, Nicolas Bray, secrétaire académique du même syndicat a expliqué que cette affaire a"ébranlé" le proviseur de Ravel, qui, selon lui, "a besoin de temps", "il faut le protéger". Bruno Bobkiewicz a assuré que "les chefs d'établissements sont déstabilisés car il y a une volonté globale de déstabilisation", mais "ils savent ce qu'ils ont à faire et continueront à le faire malgré tout". Le syndicat majoritaire a tenu à apporter son "soutien", face à une situation "intolérable".
"Soutien en direction à la fois de notre collègue de Ravel, mais également en direction de l'ensemble de nos collègues, parce qu'il faut quand même rappeler que c'est la troisième situation identifiée en moins d'un an, dans un contexte identique", a-t-il affirmé.
Un plan de formation généralisé sur la laïcité très attendu
Suite au drame de Samuel Paty, "Jean-Michel Blanquer avait annoncé un plan de formation généralisé pour l'intégralité des personnels de l'éducation nationale sur la laïcité, mais à ce stade, il est insuffisamment développé". "Il faut accélérer dans ce domaine", selon Bruno Bobkiewicz. "Il n'y a pas de négociation possible, c'est toute la laïcité, rien que la laïcité, et il n'est pas question de reculer sur ce sujet", a-t-il dit. Nicolas Bray a tenu à rappeler que ce "n'est pas de (leur) quotidien de gérer des incidents graves, un simple rappel à la loi suffit à régler les soucis".
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Un rassemblement de parents et d'élus
Un peu plus tôt dans la matinée, un rassemblement, peu avant l'ouverture du collège et lycée Ravel à 8h00, à l'appel du Parti socialiste, a réuni une cinquantaine de personnes. Une quinzaine d'élus, en majorité PS (Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, Jérôme Guedj, député) mais aussi des Ecologistes EELV (David Belliard, adjoint à la mairie de Paris) ont répondu présent, sans prise de parole, avec une forte présence policière.
Quelques parents d'élèves avaient fait le déplacement. Après la démission du proviseur, apprise en début de semaine, "tous les parents ont commencé à avoir une culpabilité, on s'est demandé si on avait assez manifesté notre soutien", a déclaré Frédéric, 44 ans, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, qui a un fils en classe de 6e.
"On n'arrive pas à mettre à l'abri les chefs d'établissements de ce type d'attaque, c'est un échec du dialogue autour de la laïcité", a déploré Martin Raffet, président de la FCPE Paris, une des deux grandes fédérations de parents d'élèves. "La loi doit être discutée, certains élèves ne la comprennent pas, il faut prendre le temps de leur expliquer et leur montrer qu'on ne stigmatise pas les religions".