Une peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 1.500 euros d'amende ont été requis mardi contre le maire d'une commune de Normandie poursuivi pour outrages et violences contre Nathalie Kosciusko-Morizet, lors de la campagne des législatives.
Le 15 juin dernier, la candidate LR distribuait des tracts sur un marché parisien lorsqu'elle avait été prise à partie par Vincent Debraize, maire de Champignolles (Eure). L'ex-ministre avait été brièvement hospitalisée après avoir chuté et perdu connaissance.
"Les faits sont graves. Le prévenu, Vincent Debraize, s'est attaqué à une élue et, derrière cette agression, il y a la question de la démocratie. Lorsqu'un citoyen n'est pas content d'un élu, la seule sanction possible est de ne pas voter pour lui, pas de l'agresser", a expliqué le procureur dans ses réquisitions. Les faits d'outrages et de violences "sur une personne chargée d'une mission de service public", retenus contre le prévenu, sont passibles de 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende. Les deux avocats de Vincent Debraize ont plaidé la relaxe de leur client, estimant "contestables" les faits reprochés à leur client qui a toujours nié avoir exercé des violences à l'encontre de l'ex-député de l'Essonne.
Ils ont également contesté le bien-fondé de la qualification correctionnelle retenue, estimant que l'altercation portait sur la candidature de NKM aux législatives et non ses fonctions de députée et de conseillère de Paris. Résultat, si les faits devaient être retenus, ils ne seraient passibles que d'une simple contravention de 5e catégorie, a fait valoir Me Basile Ader.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 7 septembre prochain et a, dans l'attente, relevé le prévenu de son contrôle judiciaire qui l'interdisait notamment d'entrer en contact avec NKM.
Présente à l'audience, Nathalie Kosciusko-Morizet a raconté au tribunal son souvenir de l'altercation. "C'était un jeudi et l'on distribuait des tracts depuis tôt le matin quand un homme est arrivé vers 10 heures, très agressif. Les personnes qui m'accompagnaient ont proposé de l'écarter, mais comme il m'avait dit être maire, j'ai voulu aller au bout de la discussion." L'expression "bobo de merde" a été prononcée par l'individu qui l'a revendiquée comme venant du polémiste Éric Zemmour, a précisé l'élue. "Soudain, il m'a arraché mes tracts des mains et m'a giflée avec. Quasiment en même temps, il m'a donné un coup et je suis tombée en arrière. Après, je ne me souviens plus de rien. Ce n'était pas un différend, il n'y a pas eu d'échanges d'arguments. Il m'a agressé", a-t-elle expliqué.