Ce "grand rassemblement populaire" apparaît comme une des dernières cartouches tirées par le candidat de la droite pour tenter de se sortir de la nasse où l'ont plongé les emplois présumés fictifs de sa femme Penelope et de deux de ses enfants.
Ce dimanche, le rassemblement du Trocadéro, très controversé, reste le baroud d’honneur de François Fillon.
Inquiets de sondages donnant désormais leur ex-champion éliminé dès le premier tour de la présidentielle, derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, quelque 250 élus lui ont retiré leur soutien.
Quelques heures avant ce rendez-vous crucial, Mme Fillon est sortie de son silence dans une longue interview au Journal du Dimanche, auquel elle a notamment assuré avoir effectué des "tâches très variées" pour son mari comme collaboratrice parlementaire et en avoir fourni les preuves aux enquêteurs. Pour la présidentielle, elle dit lui avoir conseillé de "continuer jusqu'au bout".
Les fillonistes restés fidèles attendent entre "40 et 45.000 personnes" au Trocadéro, rassemblement organisé avec le concours de Sens commun, émanation politique de la Manif pour tous. Bus ou covoiturages sont prévus, mais pas de partout. Rendez-vous a été fixé à 15h00. François Fillon devant s'exprimer à 15h30.
Un certain nombre d'élus LR, critiques de l'initiative, seront absents, comme Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, pour lequel "en République, on ne fait pas siffler la justice", comme lors de récents meetings du candidat.
Mais "des dizaines de milliers de Français seront là", assure Jérôme Chartier, filloniste historique, pour lequel "ce n'est certainement pas un rassemblement contre la justice".
Tout est fait "pour éviter tout dérapage", a affirmé à l'AFP Pierre Danon, un des organisateurs: service d'ordre de 200 personnes, banderoles, sacs à dos, sacs à main interdits.
Pour le candidat, le véritable défi est de remplir l'esplanade car son rassemblement sera sans doute comparé avec celui du candidat Nicolas Sarkozy en 2012 (200.000 personnes selon les organisateurs).
Ce rassemblement vise à "dire aux Français "si vous souhaitez que je continue, il faut me soutenir", a affirmé samedi à BFMTV Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne de François Fillon. "De deux choses l'une: il y a beaucoup de monde même si on annonce de la pluie, il y a moins de monde et j'imagine qu'en son âme et conscience, il pèsera le pour et le contre. C'est quelqu'un qui n'est pas du tout dans une fuite ou un aveuglement", selon ce chef de file des sénateurs LR.
La tension est encore montée d'un cran samedi entre le candidat et Les Républicains, lorsque le parti a annoncé un comité politique dès lundi "pour évaluer la situation" à sept semaines de la présidentielle.
La nouvelle de cette convocation, à l'instigation du secrétaire général de LR Bernard Accoyer et du président du Sénat et du comité Gérard Larcher, deux proches du candidat qui s'en sont éloignés ces dernières semaines, est tombée alors que François Fillon était en plein discours à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) dans une salle pas comble avec quelque 1.500 partisans.
"C'est transparent. Ils veulent le débrancher, c'est la guerre", a confié un ancien ministre resté fidèle. "Mais ce comité Théodule n'a aucune valeur règlementaire, puisqu'il n'est pas statutaire. "Fillon a la légitimité de la primaire et c'est lui qui a l'argent" découlant de sa victoire à la primaire, insiste un autre filloniste.
Leur champion a lancé samedi un nouvel appel à la résistance de ses soutiens: "n'abdiquez pas, ne renoncez jamais".
Cette campagne est un étrange combat. Vous êtes courageux. On veut vous intimider. N’abdiquez pas, ne renoncez jamais ! #FillonSociétéCivile pic.twitter.com/33bPyfFPoz
— François Fillon (@FrancoisFillon) 4 mars 2017