A quoi ressemblait la Seine au 18ème siècle ? La machine à remonter le temps existe. Elle prend la forme d’une baladodiffusion sur les quais parisiens. Gens de la Seine et Projet Bretez : deux séries réalisées respectivement par une historienne et une archéologue des paysages sonores du CNRS.
Voyager dans le passé à la rencontre des oubliés de l'Histoire, c’est désormais possible. Avec Gens de la Seine, tous les petits métiers des bords du fleuve parisien sont à écouter sur des parcours sonores qui ont pour vocation de restituer le plus fidèlement possible les ambiances de l'époque. Des histoires sociales entre 1750 et 1850 reconstituées grâce au travail d’Isabelle Backouche, historienne de Paris (EHESS/CNRS), et de Sarah Gensburger, sociologue de la mémoire (CNRS/UPOND/ENS Cachan).
Selon Isabelle Backouche, "les rives du fleuve : on allait y faire ses achats, prendre le bac pour traverser sur l’autre rive, entendre les bonimenteurs.
Et puis on se baignait dans son eau, on la buvait, on s’y noyait pas mal aussi - parce qu’à l’époque très peu de gens savaient nager !On y lavait le linge, on y nettoyait les tripes, on y travaillait.
Paysage sonore de Paris au siècle des Lumières
Le Grand Chatelet
Ce travail de reconstitution scientifique prend appui sur les recherches historiques (archives, peintures, plans architecturaux ...) et acoustiques que Mylène Pardoen a effectuées dans le quartier du Grand Châtelet, forteresse médiévale édifiée par Louis VI, siège d’abord de la police, puis d’une prison et enfin de la première morgue de la capitale. Ce bâtiment n’existe plus ; il a été entièrement démoli au 19ème siècle. La place actuelle dite du Châtelet l’a remplacé, ainsi que le théâtre du même nom.Dans ce film d’animation, aucun personnage n’est visible dans les ruelles ; tous existent par le son. Selon Mylène Pardoen, le Paris de 1740 était déjà très bruyant, comme aujourd’hui, mais cependant la « pollution sonore » revêtait des aspects bien spécifiques.Retrouver le "son" de Notre-Dame
Toutes les connaissances, que Mylène Pardoen a acquises lors de ses précédents travaux, vont être lui être utile pour la rénovation de Notre-Dame. Suite à l’incendie, la recherche aussi s'organise. Cette musicologue a en effet intégré une équipe de chercheurs du CNRS. Toutes disciplines confondues, une cinquantaine se sont déjà portés volontaires. Avec en particulier Brian Katz, son collègue acousticien de l'Institut d'Alembert/Sorbonne, ils vont ensemble mettre leur expertise au service de la restauration de l’acoustique de la cathédrale. Ils ont prévu de mener une campagne de relevés, d'études et d'analyses afin de proposer des préconisations. L'idée, c'est de permettre au grand orgue sauvé des flammes de résonner de nouveau avec un "son" qui soit le plus proche possible de ce qu'il était avant l'incendie. Mylène Pardoen confie d'ailleurs modestement :La @mshlyon a la chance incroyable d’avoir un membre de son équipe, @mylene_pardoen, intégrée dans le comité scientifique du « chantier #NotreDame » #acoustique #audio #NotreDameDeParis #shs #PI2Ahttps://t.co/fH10ZkmExc
— ????????? ???? (@Christian_Dury) May 28, 2019
C'est ce que nous pouvons faire à notre niveau. C'est la reconstruction du bâti qui permettra d'obtenir ... ou pas, une acoustique proche de ce qu'elle était.
Deux parcours sonores à découvrir
Disponibles gratuitement, Gens de la Seine et Projet Bretez (version mobile en cours de prototypage avec le Labo-M à Berlin) sont des parcours sonores de 19 récits et 5 spots. A écouter in situ ou bien simplement sur son téléphone. Au programme : rires, disputes et histoires des riverains d’autrefois.Si vous appréciez ces deux projets, vous pouvez également glisser entre vos oreilles : Gens de Belleville, Gens de l’Ile, Gens du sport, Gens de la nuit, Gens de 39-45, Gens du Louvre … autant de nouvelles balades géo-localisées dans la capitale.