Dès mardi, vous pourrez boire un café mais uniquement en terrasse, déconfinement en zone orange oblige. Anne Hidalgo, la maire de Paris, souhaite que les terrasses puissent s'étendre sur les trottoirs et les places de parking. Une décision qui ne fait pas l'unanimité.
Après les parcs et jardins, c'est au tour des cafés et des restaurants de reprendre vie. Mais comme l'a précisé Edouard Philippe, le Premier ministre, lors de la présentation de la phase 2 du déconfinement, cette ouverture ne concerne que les établissements qui possèdent une terrasse. En zone orange, les bars ou les restaurants ne peuvent pas encore accueillir les consommateurs en salle.
Extension des terrasses
Pour soutenir ce secteur économique durement touché par la crise sanitaire, Anne Hidalgo, la maire de Paris, souhaite que les établissements parisiens puissent étendre leur terrasses sur les trottoirs ou les places de parking. Elle envisage également de piétonniser des rues pour les cafés ou les restaurants privés de terrasse. Dans une interview donnée au journal le Parisien parue samedi 30 mai, ( édition abonnés), la maire de Paris a expliqué son projet.Cafés, bars & restaurants rouvrent leurs terrasses mardi à Paris : je m'en réjouis ! Pour les aider, la Ville va leur permettre d'occuper gratuitement des trottoirs, rues et places de stationnement, dans le respect des consignes sanitaires et de chacun. https://t.co/5devdrWHVa
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) May 31, 2020
"On a adopté un plan d'aides des bars et des restaurants pendant au moins six mois, de mars à fin septembre. Parmi ces aides, en sortie de confinement, il y a l'occupation de l'espace public. Ça peut être des trottoirs quand c'est possible ou des places de stationnement. Ça peut-être aussi certains weekends la fermeture d'une rue à la circulation pour permettre aux bars ou aux restaurants d'avoir plus d'espace".
L' extension de la terrasse d'une brasserie, bar ou restaurant se fera sur une simple déclaration auprès de la mairie et le respect d'une charte de 10 points édictée par municipalité. Chaque établissement devra l'afficher et la respecter. Ils devront s'engager à suivre un protocole sanitaire, à respecter les distances barrières, à fermer la terrasse à 22 heures et limiter les nuisances sonores pour les riverains. Le cas échéant, l'établissement pourra être verbalisé. Le dispositif restera en vigueur tout l'été jusqu'au 30 septembre prochain.
Des rues fermées à la circulation
Anne Hidalgo a également évoqué la piétonisation d'une vingtaine de rues, fermée à la circulation le week-end. "Ça peut-être aussi certains week-ends la fermeture d’une rue à la circulation pour permettre aux bars ou aux restaurants d’avoir plus d’espace », explique t-elle au Parisien. Cette mesure pourrait concerner la rue des Jeuneurs et le quartier Sainte-Anne (IIe arrondissement), le quartier autour du Carreau du Temple (IIIe), le quartier du Marais, les rues Vieille du Temple, des Rosiers, St Croix de la Bretonnerie, de Birague et la place des Vosges (IVe), la sortie du métro Pelletier (IXe), les quartiers du Canal Saint-Martin, Sainte-Marthe et du faubourg St-Denis (Xe), une partie des boulevards de Belleville et Richard Lenoir, le secteur Paris Respire et les rues de la Roquette et de Charonne (XIe), la place de la Nation (XIe et XIIe), le quartier de la Butte aux Cailles, le secteur Paris Respire et la rue du Chevaleret (XIIIe), les rues du Château et Daguerre (XIVe), la rue du Commerce et le secteur Paris Respire (XVe), les rues Lepic et des Abbesses, et le quartier du marché de l’olive (XVIIIe), le canal de l’Ourcq (XIXe), Belleville, la rue Jourdain et le secteur Paris Respire (XXe).L’extension des terrasses sur la voie publique, une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Prendre son café en terrasse, les Parisiens s'en réjouissent. Cette ouverture partielle des 18000 bars, brasserie, cafés et restaurants de la capitale est "un soulagement pour les restaurateurs parisiens, qui ont perdu 90% de leur chiffre d'affaires en avril et sans doute 70% en mai", note Pascal Brun, consultant et ancien PDG du groupe Frères Blanc. "Mais avec la distanciation des tables et l'interdiction de servir en salle, le rattrapage ne pourra être que partiel. Les restaurateurs vont rouvrir pour renouer avec leurs clients, mais ils ne vont pas gagner d'argent", poursuit-il.Même son de cloche pour Franck Delvaux, le président de l'UMIH Île-de-France, l' Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, qui estime que cette mesure de réouverture partielle ne concernera pas tous les établissements. " Seuls 12500 cafés ou restaurants ont une terrasse. Cette extension des terrasses ne va donc pas concerner tout le monde. C'est bien pour les grands établissements, là ou il y a de la place, sur les Champs-Elysées, les Grands Boulevards mais beaucoup n’ont pas de places sans compter les problèmes de nuisance. Pour 4 tables supplémentaires, ce n’est pas la peine de rouvrir. Par ailleurs, cela demande une logistique qui a un coût car il faut installer des protections pour les consommateurs" explique t-il. "On voit bien que tout le monde est dehors sans mesures de distanciation donc je ne comprends pas pourquoi on ne rouvre pas les établissements comme sur le reste du territoire", regrette t-il.
Nous avons sans doute la plus forte densité de cafés et restaurants en France
Jacques Boutault, le maire du 2ème arrondissement de Paris est inquiet. Au coeur de la capitale, le 2ème arr. compte environ 2500 établissements licence 4. "Nous avons sans doute la plus forte densité de cafés et restaurants en France" détaille t-il en pointant le quartier Montorgueil et ses nombreux cafés et restaurants.
"Je pense que nous souffrons déjà beaucoup des terrasses en temps ordinaire et que là nous allons contribuer à accroitre les difficultés en terme de nuisances sonores et de cheminement sur les trottoirs que rencontrent déjà les riverains. Je comprends la nécessité pour les commerçants de relancer leurs activités mais peut-être qu’il aurait fallu travailler plus dans la dentelle et demander l’avis préalable des maires d’arrondissement qui aurait pu consulter les conseils de quartier afin qu’on puisse autoriser ici et ne pas autoriser là, ces extensions des terrasses".Le maire du 2ème arrondissement craint que la charte ne soit pas respectée. "En temps ordinaire, la ville n’est déjà pas parvenue à réguler les terrasses, elles s’étalent bien souvent au-delà de leur surface autorisée, je ne vois pas comment on pourra gérer à la fois l’intérêt des commerçants que je comprends très bien et l’intérêt des riverains qui risquent de voir se multiplier sous leurs fenêtres des convives bruyants", dénonce t-il.Si les trottoirs sont occupés par les terrasses, quid des personnes à mobilité réduite ? Des poussettes. Des personnes âgées ?
" La grande majorité des trottoirs du Sentier est inférieure à 1m 20. Si les trottoirs sont occupés par les terrasses, les passants seront obligés de circuler sur la chaussée et seront en conflit d’usage avec les 2 roues et les voitures. Il y a un risque. L’espace public va être dévolu à une exploitation privée et cela m'interroge", explique t-il.
Jacques Boutault se dit favorable à ce que, seules les places de stationnement soient dévolues aux terrasses.
A la mairie de Paris, Olivia Polski, élue en charge du commerce, artisanat, professions libérales et indépendantes, interviewée par la rédaction de France 3 Paris-Ile-de-France se veut rassurante. Elle tente de désamorcer cette polémique. Le 22 juin, si tout va bien, tous les établissements, avec ou sans terrasse devraient rouvrir leurs portes, assure t-elle.