Chaque année un Français sur quatre est touché par un trouble psychique. Le taux de suicide en France est l'un des plus élevés parmi les pays européens. Si on sait tous comment réagir face à une personne qui se blesse, on est souvent désarmé face à quelqu'un qui fait une crise de panique ou dans un état dépressif.
Christelle Cassan-Vacher vous êtes formatrice et instructrice de premiers secours en santé mentale. Cette formation, elle existe depuis 2019, c'est assez récent. Pourquoi a-t-elle été créée ?
L'OMS (Organisme Mondial de la Santé) indique qu'une personne sur quatre va être concernée par un trouble psychique au cours de sa vie. Il était temps qu'on lève un peu le voile sur une thématique encore taboue en France pour permettre de lutter contre la stigmatisation et pour donner toute la place que la santé mentale mérite comparativement aux soins physiques puisque les deux sont assez liées.
En quoi consiste cette formation ?
C'est une formation de 14 heures et qui est comparable à la formation des premiers secours physiques. Elle permet de trouver des clefs à travers la méthode AERER (approcher, écouter, réconforter, encourager, renseigner) pour permettre d'identifier et de distinguer les différentes troubles psychiques les plus répandus et surtout de faire le distinguo avec un mal-être passager. Une méthode qui permet de mieux accompagner la personne et de l'orienter si besoin.
C'est une méthode accessible à tout le monde ?
À toute personne majeure, sans prérequis. L'idée c'est vraiment d'apprendre à aider n'importe quelle personne sans se substituer au travail des soignants. Nous ne formons pas des professionnels du soin.
64% des Français ont déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique. Qu'est-ce qu'on entend par "trouble" ou "souffrance psychique" ?
Ils se basent sur trois critères : l'intensité, la durée et l'impact dans la vie de la personne concernée. Il y a également l'état de crise et de non-crise en fonction de la sévérité et de l'intensité de ce que l'on vit.
Au cours de la formation, vous abordez les quatre principaux troubles psychiques. Quels sont-ils ?
Le trouble anxieux, le trouble dépressif, le trouble lié à l'utilisation de substances et les troubles psychotiques qui sont assez mal connus.
Un exemple de trouble psychotique ?
La schizophrénie par exemple ou encore le trouble bipolaire. Il y a beaucoup plus de préjugés sur ces troubles que sur l'anxiété ou la dépression.
Concernant la dépression, est-ce qu'il y a des signes à repérer si on sent qu'un collège ou un proche ne va pas bien ?
La durée, l'intensité et l'impact sont vraiment les premiers éléments auxquels il faut être attentif. Il faut y ajouter deux principaux signes : l'humeur triste persistante et la perte d'intérêt et de goût pour les activités qu'on aimait d'habitude sur une durée de plus de quinze jours.
Quand on est face à une personne qui est dans cet état, qu'est-ce que l'on doit faire ?
Il faut oser dire à la personne qu'on s'inquiète pour elle et donc s'appuyer sur des éléments plus objectifs que la simple contagion d'humeur. Il faut oser demander "comment ça va ? Comment tu te sens ? Est-ce que je peux t'aider ?" même si c'est parfois difficile. Dans un deuxième temps, il faut partir de ce que la personne nous dit et, en fonction, l'informer correctement et la réaiguiller vers un professionnel notamment s'il elle était déjà suivie.
Comment agir face à une crise de panique ?
Encore une fois, tout dépend de la capacité de la personne à faire face à ce qu'il se passe. Si c'est sa première attaque de panique, elle peut parfois la confondre avec une crise cardiaque. Si elle l'a déjà vécu, elle réussira peut-être à mobiliser des ressources et nous devons alors apporter un regard bienveillant et non-jugeant.
C'est important cette bienveillance et de ne pas juger ?
Le plus possible. Il faut vraiment permettre à la personne de sentir qu'au même titre que quand elle se blesse le genou et bien ça fait partie d'une étape au cours de la vie mais que ça ne détermine pas toute sa vie.
Il faut aussi parfois être un peu direct et oser poser des questions ?
Tout dépend de la situation mais par exemple, concernant les idées suicidaires, c'est important d'oser poser la question quand on a des éléments qui nous inquiètent.
Si vous avez des pensées suicidaires ou que vous vous inquiétez pour l'un de vos proches, composez le 3114 : numéro national de prévention au suicide.
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