REPORTAGE. JO de Paris 2024. "Ça peut aller du regard appuyé à l'acte sexuel", des safe places pour faire face aux risques de violences

Pour garantir la sécurité du public face aux risques de violences sexistes et sexuelles au moment des Jeux, plusieurs "safe places" ont été installées dans la capitale. Dans ces lieux refuge, l'accueil des victimes est assuré par des professionnels, comme c'est le cas dans la "safe place" de l'Hôtel de Ville de Paris.

Un canapé, un fauteuil, quelques plantes, une lumière douce, et au loin la musique et l'agitation qui résonnent. Dans ce préfabriqué d'une quinzaine de mètres carré, installé sur la "Terrasse des Jeux" (le lieu de festivités de l'Hôtel de Ville de Paris), tout est pensé pour accueillir des victimes de violences, des femmes et des hommes, dans un cadre rassurant. 

Depuis le 14 juillet et pendant toute la durée des Jeux olympiques et paralympiques, trois associations se relaient dans cette "safe place" quelque peu retirée, mais indiquée par un grand panneau.

"Toute personne qui serait sur ce lieu de festivités ou dans Paris et qui ne se sent pas pas à l'aise ou qui serait victime d'une violence sexiste ou sexuelle pourra venir nous trouver ici", explique Julie Vella, la directrice du CIDFF (le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles) de Paris. "Ca peut aller du regard appuyé, au mot, à se faire suivre et jusqu'à l'acte sexiste ou sexuel", explique la directrice.  

Des professionnels formés 

Si une victime ou un témoin d'une violence se manifeste, il sera alors accueilli par un binôme de professionnels (psychologues et/ou juristes) formés à leur accompagnement. "Le plus gros de notre travail est axé sur la libération de la parole. On reçoit et on écoute, explique Julie, une formatrice au CIDFF et l'une des professionnelles qui assure la prise en charge dans les "safe place". Notre priorité, c'est de ne pas imposer un protocole pour que la victime ne revive pas une situation de violence. On l'informera de ce qu'elle a le droit de faire, on l'orientera mais on respectera surtout ce qu'elle souhaite faire, car chaque situation est toujours très spécifique."

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Un protocole est toutefois mis en place en cas de présence de l'agresseur sur les lieux, pour empêcher toute récidive. "Nous devons prévenir le PC Sécurité, qui alertera alors les forces de l'ordre", détaille, Valentine, l'une des professionnelles en charge de l'accueil des victimes dans la "safe place". 

L'enjeu de la visibilité 

Pour se faire connaître du public, le binôme - identifiable grâce à leur tee-shirt violet - a également pour mission de marauder sur la Terrasse des Jeux. "C'est important que ce lieu existe mais surtout que le lien soit fait avec les personnes qui en auraient besoin", relate Julie, qui craint une recrudescence de ce type de violences pendant la période des Jeux. "Je me souviens en 2018, lorsque la France avait gagné du Coupe du Monde, avoir entendu de nombreux récits de violences. Des scènes de liesse où certaines personnes se croyaient tout permis", poursuit-elle.

L'enjeu de la visibilité et de l'identification de cet espace est fort, alors que quinze millions de touristes sont attendus sur la période des Jeux. Sans repère dans la capitale pour la plupart d'entre eux.

Présente depuis plus d'une heure sur la "Terrasse des Jeux", une Anglaise, venue d'Oxford pour assister aux Jeux, confie : "Je n'ai pas vu cet endroit. C'est dommage qu'on ne nous en parle pas dès l'entrée.

350 endroits identifiés comme "safe place"

Au total, 55 professionnels sont déployés dans la capitale pour assurer une présence quotidienne sur les autres "safe place" mises à disposition des visiteurs. Elles ont été déployées dans dix autres lieux de la capitale, des "safe places" d'arrondissements.

Un dispositif inédit dans l'histoire des Jeux olympiques et nécessaire pour Hélène Bidard, l'adjointe à la maire de Paris en charge de l'Egalité femmes-hommes : "Quand nous avons commencé à travailler sur les Jeux, nous avons mené toute une réflexion pour avoir une empreinte féministe. Nous avons travaillé notamment sur la valorisation des femmes sportives, mais le préalable à cela était d'assurer la sécurité des femmes dans les événements."

Depuis l'ouverture de la "safe place" à l'Hôtel de Ville, une seule victime de violences conjugales s'est présentée aux équipes. Et à deux jours du lancement officiel des Jeux, impossible encore de savoir combien de personnes pourraient faire appel à ce service, dont le budget s'élève à 85 000 euros. "Nous n'avons pas de projection, mais ce qui est certain c'est que ce dispositif va laisser un héritage pour de futurs événements. Nous partagerons nos retours à la fin des Jeux avec l'Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis et de Paris", précise Hélène Bidard. "Cela nous permettra de comprendre quels types de violences sont signalées", ajoute l'élue.  

A ces onze "endroits sûrs" s'ajoutent les 350 commerces également labellisés "safe places", grâce au partenariat de la Ville de Paris avec l'application mobile de lutte contre le harcèlement de rue, Umay. Des lieux privés et publics répertoriés sur l'application, où les personnes pourront trouver refuge. 

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