Retards dans le métro : "Les lignes les plus impactées sont la 6, la 8 et la 13", alerte Île-de-France mobilités

Rames bondées, quais surchargés, attente interminable… IDFM déplore un recul de la ponctualité dans le métro. Recrutement, vétusté des trains et bagages abandonnés : comment s’explique ce phénomène ?

Aux heures de pointe, voyager est une épreuve pour de nombreux usagers de la ligne 8 du métro parisien. "À la station République, la queue jusque dans les escaliers pour accéder à la ligne 8 qui va à Invalides, des métros à 5 minutes d’intervalle qui passent sans qu’on puisse y monter. Un jour de grande manifestation contre l’antisémitisme, la RATP aurait pu faire un effort !", écrit dimanche la sénatrice de la Seine-Saint-Denis Corinne Narassiguin (PS) sur X.

"C’est plus possible à force ! 84,10€ dans le vent", déplore une usagère de la ligne 8 en publiant les images d’un quai saturé, jeudi dernier. "La ligne 8 est un enfer tous les jours depuis des semaines voire des années", critique un autre internaute.

D’autres usagers pointent du doigt les nombreux "incidents" qui perturbent la circulation des métros.

"Il y a une dégradation"

La ligne 8 est particulièrement touchée par les problèmes de ponctualité. Selon le baromètre mensuel d’IDFM, en septembre, les trains en circulation sur cette ligne aux heures de pointe correspondaient à moins de 85% de l’objectif commandé par l’autorité. Sur les lignes 6 et 13, aussi très concernées, les indicateurs de régularité étaient respectivement de 84,3% et 87%.

Une situation qui "s’aggrave", alerte l’autorité. "Les lignes les plus impactées sont la 6, la 8 et la 13. Sur la seconde marche du podium, toujours en dessous de 90% de ponctualité, il y a également la 3 et la 7", explique Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’IDFM et maire LR de Palaiseau, qui se dit "très vigilant".

"Il y a eu une amélioration entre juin et septembre, même si ce n'était pas parfait. Mais en septembre, sur l’ensemble du réseau, la ponctualité moyenne était de 93,8% aux heures de pointe, et de 96% au global. Et en octobre, elle était de 91,8% aux heures de pointe et 94,5% au global. Donc il y a une dégradation", déplore-t-il.

"On alerte la RATP sur la nécessité de redresser la barre tout de suite. Cet indicateur est la pierre angulaire des contrats avec les transporteurs. Si les chiffres sont bons, il y a des bonus financiers en fin d’année. Si les résultats sont mauvais, il y a des malus. Cela doit inciter à faire de la ponctualité la première priorité", souligne Grégoire de Lasteyrie.

IDFM demande "des plans d’action spécifiques" pour les lignes les plus touchées, et des "efforts" importants pour embaucher des conducteurs et des mainteneurs, alors qu’un plan de recrutement exceptionnel de 400 conducteurs supplémentaires a été lancé début 2023. Une réunion entre des responsables de l’autorité et de la RATP est ainsi prévue "ces prochains jours" pour discuter des "actions mises en œuvre". 

La RATP pointe du doigt les bagages abandonnés

La RATP, elle, met en avant "de multiples facteurs". Agnès Ogier, la directrice du réseau ferré, assure que "la situation du métro s’est grandement améliorée par rapport à il y a un an", "au global". Admettant toutefois "certaines situations qui peuvent être difficiles", elle souligne "le sujet des bagages abandonnés", avec "une augmentation de 70% en octobre par rapport à l’année dernière".

"Un élément de contexte très fort, très aléatoire", à l’origine de nombreuses interruptions du trafic en raison des procédures d’intervention, déplore Agnès Ogier. "La ligne 6, fragile, est en travaux, explique-t-elle par ailleurs. La ligne 8, qui attend une rénovation, a un matériel roulant vieillissant. Elle est très longue et elle aussi particulièrement touchée par la problématique des colis abandonnés." Elle précise d’ailleurs qu’une campagne de communication spécifique à la ligne a démarré ce mardi.

Pour ce qui est du recrutement, "on est dans notre trajectoire" et "on met les bouchées doubles sur les formations", affirme la directrice du réseau ferré. Elle évoque "beaucoup de candidats" pour les postes de conducteurs, mais "des besoins toujours importants". Toujours selon Agnès Ogier, la problématique de l’absentéisme des conducteurs "s’améliore". "Toutefois, nous ne sommes pas revenus au niveau de 2019", indique-t-elle.

Concernant la vétusté du matériel, les lignes 7, 8 et 13 sont équipées de MF77 (métro ferré 1977). "Ce sont des rames qui vieillissent mal. Ces lignes attendent du nouveau matériel, malheureusement ça ne va pas aboutir rapidement", déclare Marc Pélissier, président de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT) Île-de-France.

"Les nouveaux métros doivent arriver en 2025, à commencer par la ligne 10, donc pour les autres lignes ça sera plus ou moins lointain, poursuit-il. Pour la 7, un atelier de maintenance adapté au nouveau matériel, à La Courneuve, est prévu pour 2030. Comment tient-on jusque-là ? On est un peu inquiet. Pour l’automatisation de la 13, on parle d’un objectif en 2033 ou 2035, c’est très loin pour l’usager."

Marc Pélissier exprime aussi sa "déception" quant aux problèmes de ponctualité. "Après une période très difficile, on pensait globalement qu’on allait sortir la tête de l’eau, mais ce n’est pas le cas. On est loin des indicateurs de ponctualité de 2019", déplore-t-il.

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