Retour sur expérience d'une école de Paris restée ouverte pendant le confinement

L'école élémentaire de La Motte-Piquet dans le 7e arrondissement de Paris est l'un des établissements resté ouvert pendant le confinement. Expérimentant avant l'heure les mesures de distanciation entre les élèves présents. Des règles sanitaires qu'il va falloir renforcer avant le 11 mai. 

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Justine Jaunas est enseignante de CE2. Dès le début du confinement, elle s’est portée volontaire pour enseigner aux enfants des personnels indispensables à la gestion de crise sanitaire, estimant que sa place était auprès d’eux. "Je n'étais pas à risque. Je voulais y mettre du mien pour que cela fonctionne". Une à deux fois par semaine, cette jeune professeure des écoles se rend à l'école élémentaire de la Motte-Piquet dans le 7e arrondissement de la capitale. "J’ai entre 7 et 16 élèves, cela dépend des jours. Ça se passe très bien parce que nous sommes généralement trois adultes, ce qui permet de faire des petits groupes."
 

Des consignes sanitaires mises en place dès le 23 mars

Justine Jaunas a pu expérimenter avant d'autres les mesures de distanciation sociale et d'hygiène qui seront la norme la semaine prochaine lorsque toutes les écoles rouvriront : le port du masque et de gants, fournis chaque jour par la direction, le lavage des mains, récurrent. "Pour le personnel, pas de soucis. Mais avec les enfants, cela prend énormément de temps. Il faut descendre aux toilettes par groupe de deux, se savonner, se sécher les mains avec du papier, puis remonter dans les classes sans toucher les portes ni les rampes... Pas toujours facile."

Pas facile non plus de faire respecter les gestes barrières, notamment dans la cour de récréation "là où les enfants sont les plus proches". Ou avec les petits de maternelle. "Ils ont énormément d'objets à manipuler. Autant dire que les régles d'hygiène sont difficiles à tenir, reconnaît-elle. A partir du CP, CE1, les enfants comprennent mieux le but. Mais nous passons la journée à leur répéter : écarte-toi, pousse-toi…" 
Quant au port du masque par les élèves des classes élémentaires, si le document du gouvernement affirme que "le port du masque n’est pas recommandé mais les enfants peuvent en être équipés s’ils le souhaitent", "dans mon expérience seuls quelques enfants arrivent à l'école avec un masque mais ils ne le gardent pas toute la journée", témoigne Justine Jaunas

"Le problème qui se pose, c’est quand les enfants ont besoin d’aide".

Une contrainte également rencontrée dans l'enseignement, malgré le peu d'élèves accueillis dans les classes pendant ces sept semaines de confinement. "Le problème qui se pose, c’est quand les enfants ont besoin d’aide. Il faut le faire tout en respectant la distance et en évitant de toucher leurs cahiers ou leurs livres." 
Ces circonstances exceptionnelles n'ont pourtant pas douché l'enthousiasme de cette jeune enseignante. "D’être avec les enfants, pouvoir échanger avec eux, les accompagner en étant présente, c’est mon métier. Beaucoup plus que le distanciel qui reste compliqué."
Le "distanciel", ce sont les cours à distance que Justine Jaunas a continué de dispenser à ses propres élèves depuis sept semaines. En jonglant entre les devoirs écrits, les enseignements sur une plateforme numérique et les visioconférences. Une charge de travail "conséquente" qu’elle devra continuer d’assumer dans les prochaines semaines.

Désinfecter l'école avant la rentrée

Car ici comme ailleurs, la rentrée se déroulera en plusieurs étapes, en fonction des niveaux. Un casse-tête pour le directeur de cette école du 7e arrondissement de Paris. "J’ai passé un week-end assez pénible je dois bien l’avouer. J’ai dû préparer un plan de reprise qui sera présenté mardi à nos inspecteurs alors que le plan de l’Education nationale n’est tombé que ce matin…" Dans cet établissement, la rentrée officielle ne se fera que le 14 mai, le temps de se réorganiser, et seulement pour une partie des CP et des CM2. "Il y aura un groupe accueilli les lundi et mardi matins. Un autre les jeudi et vendredi matins avec pas plus de 12 élèves, compte tenu de la superficie des classes, explique Marc Vinson. Le reste du temps sera dévolu aux enfants qui ne seront pas physiquement présents car l’objectif, c’est de ne laisser tomber personne." Seuls les enfants de personnels indispensables continueront d’être accueillis tous les jours. Quand aux élèves des classes de CE1, CE2 et CM1, ils ne reprendront qu’à partir du 24 mai.
  
Une rentrée théorique qui pourrait cependant être compromise. Car selon le protocole sanitaire envoyé par l’Education nationale ce lundi, il va falloir désinfecter entièrement les locaux qui ont servi pendant la période de confinement. Or, pour le moment, rien n’a été prévu par la ville de Paris… Autre recommandation qui risque de poser des difficultés : le nettoyage des locaux (poignées de porte, rampes d’escalier, toilettes, aires de jeu, équipements sportifs) et du matériel pédagogique plusieurs fois par jour. "Jusqu'à la fin de semaine, nous avons un agent de service pour nettoyer l'établissement pour une vingtaine d'élèves au maximum. Mais à partir de la semaine prochaine, je serai la seule école du 7e arrondissement dans laquelle il n’y en aura aucun. Si on n’a personne, je ne vais pas pouvoir ouvrir," prévient le directeur. Sans compter les arbitrages qu’il va devoir réaliser comme laisser les portes coupe-feu ouvertes au risque qu’elles soient inopérantes en cas d’incendie. "Ce plan ne me paraît pas irréalisable dans son ensemble mais cela va nécessiter des ajustements."
 

Eviter que les enfants ne se croisent

Pour le reste, les consignes pourront être respectées : les entrées échelonnées des élèves par des portes distinctes, la mise en place de points d’eau pour qu’ils se lavent les mains plusieurs fois par jour, un sens de circulation pour éviter de se croiser. Et le respect des distances dans la classe qui permettra d’accueillir la moitié des élèves. Les récréations toujours "par classe" seront réduites à "5 bonnes minutes" plutôt que les 15 minutes habituelles. Et les jeux de ballons seront proscrits. "On fera courir les enfants dans la cour pour qu’ils se défoulent."
Autant de procédures déjà mises en place pendant le temps de confinement où l’école est restée ouverte. "Nous n’avons eu aucun enfant malade. Pas plus que de parents ou d’enseignants," indique Marc Vinson.
Pourtant, les parents d’élèves ne semblent pas complètement rassurés. Sondés la semaine dernière, 31 % d’entre eux se disaient favorables à la reprise de l’école pour leurs enfants. 44 % étaient incertains. 25 % y étaient opposés.  
 
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