Alors que le Salon de l’Agriculture ouvre ses portes ce samedi au Parc des Expositions de la porte de Versailles, à Paris, la Région Île-de-France tente de limiter l’urbanisation des sols agricoles. Alimentation, circuits courts… Les enjeux sont de taille.
Si on associe l’Île-de-France à la capitale et sa banlieue urbaine, les terres agricoles couvrent près de la moitié de la région. L’Essonne, la Seine-et-Marne et les Yvelines sont les premiers départements concernés. Mais la surface utilisée par les agriculteurs franciliens, qui représente aujourd’hui près de 564 000 hectares selon le dernier recensement agricole, recule depuis des années. Après avoir diminué de 2,5% de 2000 à 2010, elle semble être en voie de se stabiliser, avec une baisse de 0,9% de 2010 à 2020.
"L’artificialisation des sols, c’est l’un des premiers enjeux dans la région, explique Cécile Sablou, responsable de la mission agriculture à Île-de-France Nature, un établissement public affilié à la Région. Construction de bâtiments industriels, d’habitats, de routes… Il y a une très forte pression sur le prix du foncier. L’accession à la propriété est difficile."
"Si on artificialise tout, demain on ne nourrit plus personne"
"C’est important de protéger ces terres pour garantir aux habitants un accès aux espaces verts, mais aussi pour des raisons alimentaires, notamment pour permettre des productions en circuits courts, poursuit-elle. Si on artificialise tout, demain on ne nourrit plus personne. Et on en doute parfois, mais les sols franciliens sont très fertiles."
Autre enjeu : la transmission des terres. En Île-de-France, près d’un tiers des agriculteurs ont plus de 60 ans selon le recensement de 2020. Et si on compte aujourd’hui 4 425 exploitations agricoles dans la région, ce nombre a baissé de 12% en une décennie.
"La population agricole est plutôt âgée, et il y a de moins en moins de repreneurs identifiés dans le cadre familial. Ce sont des métiers qui peuvent être difficiles, et qui attirent moins. Les salaires ne sont pas très hauts, et le statut n’est pas très protégé", rappelle Cécile Sablou.
"On surveille en particulier la ceinture verte"
Face à ce constat, Île-de-France Nature dit régulièrement acquérir, pour le compte de la Région, des terres menacées par l’urbanisation "pour garantir leur vocation agricole". Ces terrains sont ensuite aménagés et loués à des agriculteurs via des appels à candidatures et "des baux sur neuf ans, reconductibles tacitement".
"On surveille en particulier la ceinture verte, entre la petite et la grande couronne, où l’urbain a le plus tendance à s’étaler", précise Cécile Sablou. Ce dispositif concerne aujourd’hui près de 150 agriculteurs sur environ 2 300 hectares. Un agriculteur concerné sur deux pratique les circuits courts, d’après l’établissement.
Rediversifier le "grenier à blé" de la France
Cécile Sablou souligne d’ailleurs l’importance de "rediversifier" l’agriculture dans la région. Tandis que l’Île-de-France reste aujourd’hui une région céréalière, avec près de 80% d’exploitations spécialisées en grandes cultures, l’objectif est aujourd’hui de "ramener des cultures qui disparaissent progressivement depuis ces 50 dernières années", avec "plus de maraîchage, plus d'élevage, plus d’arboriculture, plus de viticulture et plus d'horticulture".
Un défi de taille : de 2010 à 2020, les petites et moyennes exploitations franciliennes ont respectivement reculé de 24 et 16% selon le ministère de l’Agriculture. En Île-de-France, les exploitations agricoles emploient au total environ 13 000 personnes.