Savez-vous pourquoi les lapins prolifèrent aux Invalides à Paris et sur nos ronds-points ?

L’heure est grave. Cet animal à grandes oreilles est désormais dans nos villes comme dans nos campagnes. Partout le lapin se sent chez lui et se démultiplie car plus personne ou presque ne le mange. Pourquoi ? Vous le saurez grâce à la vraie fausse conférence qui réussit avec brio à poser "Le Problème lapin" au théâtre du Rond-Point.

Comment sont-ils arrivés sur nos ronds-points et à Paris ? Mystère ! Ce qui est certain, c’est que depuis plusieurs années, des lapins de garenne ont choisi le gazon des Invalides au grand dam de la Grande Muette. Ils vivent et se reproduisent sur le site et aux alentours, l'une des dernières zones herbeuses de la capitale. Ils "saccagent les beaux massifs fleuris devant des militaires désemparés mais, sont la plus grande joie des promeneurs que la vue de ces heureux lapins semble toujours contenter", explique Frédéric Ferrer auteur de la conférence sur Le Problème lapin actuellement sur la scène du Rond-Point (un lieu bien nommé pour en parler donc). Selon lui, "cet animal est une peste" Mais faut-il l’éradiquer ou le préserver ?

C’est de la carotte !

Saviez-vous que les Oryctolagus cuniculus ne mangent pas de carottes ? Et si oui, d’où vient cette méprise ?

Doctement, l’auteur, acteur, metteur en scène et géographe, Frédéric Ferrer, nous explique que bien que le lapin soit un animal fouisseur (qui creuse des terriers), il ne mange pas de racines. Que ce soient les carottes ou les pissenlits, il préfère les fanes ou les fleurs. Les carottes sont bien trop sucrées pour son système digestif ! Pour quelle raison notre imaginaire collectif opère-t-il donc cette association ? La confusion est née d’un personnage de cartoon de la Warner, le célèbre Bugs Bunny. Le dessinateur a confié s’être inspiré du comédien Clark Gable qui croquait une carotte dans le film de Franck Capra, New-York Miami, son film préféré.

À quoi ça tient une légende urbaine… Résultat : que de carottes offertes à des lapins domestiques - et surtout un fort risque de diabète ! Car c’est bien là une des nombreuses pistes développées sur la scène du théâtre du Rond-Point dans le spectacle Le problème Lapin – Cartographie 7 de l’atlas de l’anthropocène : démêler le faux du vrai.

Pour cette 7ème conférence, l’auteur affirme avoir reçu et recensé plus de 170 questions. Avec sa comparse, la comédienne, Hélène Schwartz, ils en ont choisi une trentaine et se donnent 60 minutes pour y répondre. Top chrono !

Le coup du lapin

Le duo comique fonctionne à plein. Entre le très sérieux scientifique et la néophyte pince-sans-rire, le public rit et s’instruit en même temps, car tout est vrai. Du moins en l’état des connaissances actuelles. De la suite mathématique découverte par Fibonacci – née de l’observation de la reproduction légendaire de ces rongeurs (qui n’en sont pas en fait, apprend-on également) - à leur syncope après le rut, une forme d’évanouissement d’une seconde à peine, on en découvre des vertes et des pas mûres sur cet animal à queue blanche (d'ailleurs, cela fait l'objet d'une question). Au fil des réponses déployées comme un terrier, c’est-à-dire avec des entrées et sorties multiples, le récit prend une apparence foutraque et dynamite l’habituel côté soporifique des réunions et autres conférences PowerPoint.

Un spectacle conférence agrémenté de nombreuses archives, de divers schémas, de gravures médiévales, bien sûr de multiples photos de mignons lapins, et même d’un reportage vidéo en immersion chez un cuniculteur. Comprenez un éleveur de lapins. Un des rares en France, car la consommation de sa viande est estimée à seulement 367 g par habitant en 2022 et s'inscrit dans une tendance à la baisse, ininterrompue depuis les années 2000. Pas de lapin dans les burgers et très rarement dans les cantines.

Le grand bond en avant

Le lapin est apparu il y a environ 6 millions d’années (question numéro 2 vite traitée), donc bien avant les premiers hominidés, et sans doute au sud de l’Espagne (question numéro 3). Présent sur les 5 continents et sur 800 îles où les colons les ont apportés, le garenne pourrait bien mieux nourrir la planète que les bovins. Son empreinte carbone est d’ailleurs près de dix fois moindre. D’autant qu’il a une puissance de reproduction qui dépasse l’entendement. Pourtant "Homo-sapiens d’habitude très gourmand et vorace n’en veut plus dans son assiette" raconte Frédéric Ferrer. Il ajoute qu'il "a réussi à entrer malicieusement dans nos maisons en se faisant passer pour animal de compagnie, ou plus fourbe encore, en devenant peluche sur le lit des enfants."

Mais en fait, il est surtout considéré selon les régions, soit en voie de quasi-extinction - donc protégé - soit comme un nuisible - donc exterminé ; voire les deux !

À Paris, une bande de garennes faisait la joie des riverains et des touristes sur le rond-point de la porte Maillot. Ils ont mystérieusement disparu quand les travaux du prolongement d’Eole ont été annoncés en 2017.

Bon à savoir

Une rencontre aura lieu à l’issue de la représentation du mercredi 24 janvier entre Frédéric Ferrer, Hélène Schwartz et Cécile Callou, archéozoologue spécialiste du lapin, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle.

À découvrir au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 27 janvier 2024

2bis av Franklin D. Roosevelt 75008 Paris
01 44 95 98 00

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