Se baigner dans la Seine, de l'Antiquité aux JO de Paris, une longue histoire faite de promesses

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Pourra-t-on un jour nager dans la Seine à Paris ? Entre promesses électorales, espérances environnementales et enjeux sportifs, se baigner au cœur de Paris est un long serpent... d'eau douce. Interdite depuis 1923, la baignade dans la Seine devrait être autorisée en 2025. Retour sur cette histoire.

Il y 37 ans, l'ancien maire de Paris et président de la République Jacques Chirac en faisait déjà la promesse. La maire de Paris Anne Hidalgo en fait également l'un de ses chevaux de bataille avec en ligne de lire les Jeux olympiques et paralympiques. Elle l'assure même le 9 juillet dernier : "Moi, je me baignerai l'année prochaine, l'année des JO". 

La mode des bains dans la Seine


Si on se baignait dès l'Antiquité, la mode des bains dans la Seine apparaît au milieu du XVIIe siècle le long du quai Sully. "Particularité, on se baigne dans le plus simple appareil", explique la mairie de Paris sur son site. Les femmes et les hommes sont néanmoins séparés. Mais dès la fin du siècle, les bains dénudés sont interdits.

Peu à peu, des piscines flottantes sont installées sur la Seine, alimentées par l'eau du fleuve, selon la même source.

La plus célèbre, la piscine Deligny, du nom d'un des premiers maîtres-nageurs qui donnaient des cours le long des quais du VIIe arrondissement, est érigée en 1801 sur une douzaine de barges. Une vingtaine de bassins similaires cohabitent à Paris à la fin du XIXe siècle, avant de tomber en désuétude avec l'avènement des piscines "terrestres".

La baignade interdite officiellement en 1923

Des irréductibles continuent de se baigner directement dans le fleuve. Les championnats de France de plongeons y sont même organisés le 22 juin 1913.

Mais en 1923, un arrêté préfectoral interdit la baignade sous peine d'amende, "en raison des dangers causés par la navigation fluviale et la pollution". Aujourd'hui, une brigade fluviale patrouille pour empêcher les plongeons.

Des promesses...

Le 28 novembre 1988, Jacques Chirac fait une promesse restée célèbre : "Dans cinq ans, on pourra à nouveau s'y baigner", annonce-t-il, lors d'un lâcher de 5000 brochets dans la Seine. "Chiche", lui répond Brice Lalonde, secrétaire d'État à l'Environnement de l'époque. "Je viendrai avec les serviettes et les antibiotiques", ironise-t-il. Jacques Chirac confirmera sa promesse en 1990 lors d'une interview sur FR3, promettant de se "baigner dans la Seine devant témoins" en 1993. Il n'en fera rien...

Il faut attendre le début des années 2000 pour voir s’ébaucher un début de reconquête des rives de Seine, délaissées au profit du "tout automobile" et s'attaquer à la pollution du fleuve.

Le 17 mai 2016, la maire de Paris Anne Hidalgo fait sienne la promesse de Jacques Chirac dans le cadre de la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques de 2024, vantant des épreuves de triathlon "dans la Seine, au pied de la Tour Eiffel". Autre objectif : aménager des zones de baignades pérennes pour le grand public après 2024.

Les JO de Paris 2024


À un an de l'échéance, le programme des JO-2024 prévoit que les épreuves olympiques de triathlon et de nage libre partent du pont Alexandre III, qui relie le Grand Palais aux Invalides. Des épreuves test de nage dans la Seine à l'occasion de la Coupe du monde de natation en eau libre étaient prévues les 5 et 6 août 2023.

Mais voilà, cet été, la météo en a décidé autrement. En raison de fortes pluies, ces épreuves de natation ont été annulées. De fortes pluies ont fait déborder les égouts, provoquant une augmentation temporaire du taux de la bactérie intestinale Escherichia coli. La mairie et le COJO assurent rester confiants en vue des Jeux.

Objectif Seine 2025 pour le grand public 


Le 9 juillet dernier, Anne Hidalgo dévoile des sites qui seront autorisés à la baignade. À partir de 2025, le grand public devrait pouvoir se baigner dans la Seine sur trois sites : le Bras Marie (IVe arrondissement), Grenelle (XVe) et Bercy (XIIe). Des plans d'eau qui seront "surveillés", "délimités par des bouées" et accessibles au moyen d'un "ponton", selon la municipalité.

Plusieurs ouvrages pour réduire les déversements d'eaux usées dans le fleuve en cas d'orage, ou les nettoyer, et ainsi assurer une qualité d'eau suffisante au regard de la réglementation européenne, sont proches d'être achevés. "Le bassin de stockage d’Austerlitz, un cylindre de 50 mètres de diamètre et de plus de 30 mètres de profondeur, permettra de stocker plus de 50 000 m3 d’eau", explique sur son site la mairie de Paris. Il permettra d’éviter les déversements d’eaux usées dans la Seine en cas de fortes pluies. Cet excédent d’eau s’écoulera ensuite dans le réseau d’égouts pour être traité.

Les particuliers propriétaires d'habitations aux mauvais branchements, dans lesquels eaux usées et fluviales ne sont pas séparées, et ceux de péniches doivent aussi engager des travaux pour une évacuation ne polluant pas le fleuve.

Depuis 2016, l'État et les collectivités locales franciliennes ont investi environ 1,4 milliard d'euros pour rendre baignables la Seine et la Marne, son principal affluent.

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