Un deuxième homme a été placé en garde à vue cette nuit à Paris. Il est soupçonné d'être impliqué dans le meurtre d'une femme de 85 ans de confession juive, poignardée vendredi dans son appartement du 11e arrondissement de Paris.
Les enquêteurs étaient à sa recherche depuis samedi. Un homme a été interpellé cette nuit dans le centre de Paris, localisé grâce à son téléphone portable. Il est soupçonné d'avoir participé au meurtre de Mireille Knoll, une femme de 85 ans retrouvée poignardée vendredi dans son appartement partiellement incendié.
Samedi, un premier suspect avait déjà été placé en garde à vue. Un homme de 29 ans qui selon une source proche de l'enquête, était bien connu de la victime. "La vieille dame connaissait très bien ce jeune-homme depuis qu'il avait 7 ans. Ils se fréquentaient régulièrement. Vendredi, il était encore venu la voir."
Un incendie pour cacher un meurtre
Les premières constatations sur les lieux de l'incendie survenu vendredi vers 18h30 ont conduit les policiers à s'orienter rapidement vers une piste criminelle. Deux départs de feu ont été constatés par les secours dans l'appartement où la victime vivait seule depuis le décès de son mari, rescapé de la Shoah.
Une enquête en flagrance pour meurtre a été ouverte le jour même et une première autopsie a permis de révéler l'existence de onze coups de couteau sur le corps de Mireille Knoll.
Crime crapuleux ou religieux ?
Le mobile du crime est pour l'heure encore inconnu. Le parquet n'écarte aucune hypothèse. Mais la piste crapuleuse semble peu probable selon les proches de la victime. "Il n'y avait rien à voler chez cette vieille dame modeste qui vivait depuis 60 ans dans ce HLM et qui ne possédait ni argent ni bijoux", selon Francis Kalifat
Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui s'est entretenu hier avec les autorités judiciaires et le président de la République Emmanuel Macron, souhaite que la transparence soit faite sur cette affaire. "Elle a été poignardée avec acharnement. La volonté de faire disparaître son corps nous laisse perplexe. Nous ne voulons pas tomber dans les mêmes errements que dans l'affaire Sarah Halimi. Il a fallut attendre 11 mois pour que la justice reconnaisse le caractère antisémite de cet assassinat."
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— CRIF (@Le_CRIF) 25 mars 2018
Même son de cloche chez le président du consistoire français, Joël Mergui, qui suit de près l'enquête.
"C'était une femme juive, connue comme telle. La similitude avec l'affaire Sarah Halimi est frappante. Il est essentiel qu'on sache quel était le mobile. Et que le mobile antisémite soit recherché. Un assassinat de ce type ne peut pas être un fait divers dont on ne parle pas. Car c'est générateur d'une grande inquiétude dans la communauté et d'incompréhension."
En avril 2017, Sarah Halimi, une juive orthodoxe de 65 ans, avait été tuée à Paris par son voisin. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, le jeune homme l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. Après des mois de bras de fer judiciaire, le caractère antisémite du meurtre a été retenu par la juge d'instruction début mars. Ce meurtre, aux circonstances d'abord confuses pour les enquêteurs, avait au fil des semaines suscité une vive émotion dans la communauté juive et au-delà. "Nous avons pris des mois et des mois à caractériser ce qui était une évidence pour ceux-là même qui avaient constaté le crime", avait relevé le président Emmanuel Macron lors du dîner du Crif le 7 mars.