Suite à l'attaque du vendredi 25 septembre contre deux journalistes pris pour des collaborateurs de Charlie Hebdo, la sécurité a été renforcée autour du procès des attentats de Janvier 2015 et de certains de leurs acteurs.
Interdiction de filmer la zone d'accès des parties civiles au tribunal de Paris où se tient le procès des attentats de Janvier 2015. Depuis l'attaque qui a eu lieu contre deux journalistes de la société de production Premières Lignes, la sécurité de ce lieu, comme celle des parties civiles, a été mise particulièrement en lumière.
Désormais, il est nécessaire de passer quatre points de contrôles avant de pouvoir accéder à l'audience, a constaté une journaliste de France 3 Paris Ile-de-France. Les forces de l'ordre sont aussi en nombre plus important aux abords du tribunal avec la présence renforcée de camions de CRS et la mise en place d'une surveillance aérienne avec des drones.
Sur les lieux de l'attentat, rue Nicolas Appert, une patrouille statique a depuis été positionnée. Jusqu'à présent, des "patrouilles mobiles" s'assuraient de la sécurité du lieu, selon les propos de Laurent Nuñez, coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme sur France Inter ce lundi.
"Depuis le début du procès, la sécurité a été renforcée sur plusieurs sites emblématiques et institutionnels. Depuis vendredi, il y a une sécurisation spécifique sur les anciens locaux de Charlie Hebdo. Pour des raisons de sécurité, la préfecture de police ne souhaite pas détailler ce dispositif", indique l'institution à France 3 Paris Ile-de-France.
"Cela aurait dû être fait depuis longtemps, c'est l'ordre public. On les a laissé à l'abandon, il faut appeler un chat un chat. On savait très bien que Charlie Hebdo était une cible et que les terroristes comme les Kouachi ne savaient pas exactement où se trouvait la porte de Charlie Hebdo. Ils pouvaient très bien aller sur la porte de droite qui était l'agence Premières Lignes. Ils sont allés sur la porte de gauche et on sait dans quelles circonstances. Je pense qu'il y a une faute des services de police, de l'État, dans la protection des journalistes", affirme Me Mehana Mouhou, avocat des journalistes de Premières Lignes.
Quant à l'actuel site du siège de Charlie Hebdo, dont l'adresse est tenue secrète, il "fait l'objet d'une sécurisation renforcée avec garde statique depuis le début de l'ouverture du procès" des attentats de janvier 2015 qui a démarré début septembre devant la cour d'assises spéciale de Paris, ajoute la Préfecture de Police.
Sécurité renforcée des parties civiles
Outre la protection de ces lieux, la sécurité des journalistes de Charlie Hebdo et des parties civiles a aussi été renforcée. Car les menaces sont bien réelles. Le 21 septembre dernier, la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo, Marika Bret, a été exfiltrée de son domicile en raison de menaces jugées sérieuses à la suite de "menaces précises et circonstanciées" reçues le 14 septembre par les officiers de sécurité qui la protègent depuis bientôt 5 ans."Ceux que je représente (les journalistes de Premières Lignes, ndlr) n'ont pas voulu venir aujourd'hui parce que c'est une réactivation du traumatisme et c'est extrêmement difficile pour eux de revivre la même situation. C'est foudroyant. Ils ont vu la mort en face, c'est extrêmement difficile pour eux", raconte Me Mehana Mouhou.
"La peur, l'angoisse et l'inquiétude sont présentes depuis l'ouverture de ce procès encore plus depuis l'attentat de ce vendredi. Les blessures sont à vif. Nous avons des parties civiles qui font état de leur traumatisme, du cauchemar qu'elles vivent encore cinq longues années après. La détermination de ces victimes, de ces parties civiles est telle qu'elles ne lâcheront jamais", poursuit Me Samia Maktouf, avocate de parties civiles.
Plusieurs personnalités qui travaillent pour l'hebdomadaire satirique sont ainsi fortement protégées à l'instar du dessinateur Riss ou de l'écrivain Yannick Haenel qui couvre le procès pour Charlie Hebdo et qui bénéficie désormais d'une protection policière.
Menaces d'Al-Qaïda
Depuis l'ouverture du procès, l'organisation terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), qui avait revendiqué les attentats contre Charlie Hebdo, a menacé plusieurs fois la France.Un message, semble-t-il, entendu par l'assaillant, Hassan A. qui aurait 25 ans. Sa garde à vue a été prolongée de 48h dimanche.
Cinq autres gardes à vue sont encore en cours lundi: trois anciens colocataires du principal suspect dans son appartement de Pantin, son jeune frère et une connaissance. Ces auditions consistent pour l'heure à comprendre l'"environnement" de l'assaillant car, selon une source proche du dossier, aurait agi seul.