Mai 68 aura marqué profondément marqué toute une génération. Certains ont même changé de vie. C'est le cas de Marc Jannot, un postier parisien qui a repris des études pour devenir enseignant.
Aujourd'hui à la retraite, près de Paimpol, Marc Jannot a été transformé par Mai 68. Issu d'un milieu très modeste, il travaille dès l'âge de 16 ans comme postier à Paris. En 1968, il a 25 ans et est chamboulé par sa rencontre récente avec une étudiante maoïste de Nanterre : "J'ai rendez-vous avec Claudine dans un bistrot qui est près de la Chapelle de la Sorbonne, et quand j'arrive, le cordon de CRS est devant et dit 'Vous ne passerez pas!' alors que ma copine était derrière. J'ai fini par en attendrir un et la retrouver, c'était le 3 mai 1968", plaisante Marc Jannot.
Au début de Mai, Marc Jannot qui travaille la nuit dans une centrale téléphonique, va vivre l'effervescence du mouvement : "Ce qui me paraît fondamental en Mai 68, c'est la redécouverte de la parole. On parle beaucoup des étudiants mais il fallait voir le boulevard Saint-Michel. Partout, il y avait des groupes en train de discuter. C'était une libération de la parole absolument fantastique."
Bousculer les certitudes
En 1968, il est déjà mariée et père d'une enfant, militant au Parti communiste et à la CGT. Mais toutes ses certitudes vont basculer au contact des étudiants maoïstes. Eux étaient ravis de trouver une nouvelle recrue venant du mouvement ouvrier.
"C'est vrai que je suis presque le pactole. Tout d'un coup, eux qui sont dans des sphères intellectuelles de haut niveau se retrouvent avec le petit prolo de base qui ne rejette pas complètement leurs idées. Ils sont pour une prise de parole telle que la présente Mao, c'est-à-dire le pouvoir du peuple, le droit au peuple et la parole au peuple."
Après les évènements, Marc Jannot va faire partie de la première génération d'étudiants rentrée à la fac de Vincennes, sans le bac. Il devient enseignant en sciences sociale, s'installe à la campagne, et s'engage dans l'écologie.
"Cela s'est fait naturellement, pour moi et beaucoup d'autres, d'essayer d'aller vivre autrement et d'une façon non soumise à un Etat capitaliste, à la campagne. Avec le mouvement écolo en 68, on a semé une graine et même si cela prend du temps, elle va finir par germer."