La justice a ordonné ce lundi l'évacuation d’ici 48 heures du local loué par le Petit Cambodge, une des cibles des attentats de 2015. L'espace, un futur restaurant, est occupé depuis la mi-novembre par des militants en lutte contre la "gentrification" du quartier.
La décision du tribunal était attendue et a été accueillie avec soulagement par Simon Octobre, l’un des gérants du Petit Cambodge, restaurant touché par les attentats de novembre 2015 où quinze personnes ont perdu la vie. "C’est un soulagement de se dire que il n’y a pas de délai et que cela va nous permettre de relancer le projet et d’aboutir à l’ouverture du restaurant", a-t-il réagit.
Maître Marine Rogé, l'une des avocates du Petit Cambodge s'est dite très satisfaite de la décision d'expulsion sans délai, assortie d'une astreinte financière par jours occupés. "Les gérants ont beaucoup travaillé sur ce projet. C'est l’aboutissement de plusieurs années de conception et de travaux pour un montant d'un million d’euros afin d'ouvrir ce restaurant avec des engagements écologiques et sociaux. Il y a également des prêts à rembourser", a-t-elle déclaré. "Je pense également aux salariés qui ont déjà été recrutés et qui ont hâte de découvrir leur futur lieu de travail", a-t-elle ajouté espérant que les lieux ne seront pas encore plus dégradés par les occupants d'ici leur départ.
Les militants qui occupent le local ont 48 heures pour le libérer sous peine d'être expulsés par la force publique. Ces derniers ont investi le lieu à la mi novembre.
Dénonçant la gentrification de ce quartier, ils souhaitaient ouvrir un lieu dédié à la solidarité, un centre social autogéré et héberger des personnes en précarité. "Les habitant.es du quartier de la place Sainte-Marthe n'ont pas besoin d'un énième restaurant, d'un énième lieu marchand hors de ses moyens tenu par des propriétaires venant des quartiers les plus aisés. Ils ont besoin de vie, de rencontres, de liens, d'associations, d'espaces culturels et créatifs - tout ce que ces attentats de 2015 visaient à annihiler", écrivaient-ils dans un communiqué le 13 décembre 2020. "En tant que locataire d’un lieu relevant du domaine public, puisqu’il est détenu par la SIEMP pour la Ville de Paris, nous pensons qu’il est légitme qu’un tel espace revienne à l’animation et à la vie collective du quartier, plutôt qu’à la consommation frénétique de l’espace public et de nos temps libres dans une logique une nouvelle fois marchande", peut-on lire également.
En ordonnant l'expulsion des occupants, le juge des référés n'a pas été convaincu concernant la question de l'hébergement de personnes en précarité. Il a estimé "qu'aucune preuve convaincante n'avait été apportée d'un tel hébergement,et donc que l'expulsion du local pouvait être ordonnée, puisqu'elle ne "portait pas atteinte au droit au respect de la vie privée et familiale ou du domicile de quiconque".
L'espace, avenue Claude Velfaux destiné à devenir un restaurant sera le 3ième géré par le Petit Cambodge dans l'arrondissement. Ce soir, les occupants ont commencé à débarrasser les lieux.