En quatre semaines, trois policiers se sont donné la mort en Île-de-France. Un malaise extrêmement profond dont témoigne un policier de terrain, à visage caché. Il revient sur le suicide de l'un de ses collègues, âgé de 27 ans.
Dans un témoignage exceptionnel car rare, Stéphane revient sur le suicide de son jeune collègue Julien, et sur la réalité du policier de terrain : vie familiale cahotique, pression de la hiérarchie, politique du chiffre, perte de sens du métier de policier. Policier sur la voie publique, dans la région parisienne depuis 10 ans, Stéphane a accepté de se confier à nous. "Il avait laissé bien en évidence sa carte de police", raconte Stéphane, qui a découvert le corps de son jeune collègue. "Il était ciblé de façon un peu officieuse par la hiérarchie", confie Stéphane. "Je pense qu'il a perdu pied par rapport à ça."
Le policier revient sur le choix d'affecter les jeunes recrues en région parisienne : "Ce sont les endroits les plus difficiles. C'est compliqué pour eux de s'adapter... On a un week-end toutes les six semaines."Les collègues ne peuvent pas parler de leur mal-être, de leurs difficultés. Ils refoulent certaines choses, qui fait que, petit à petit, le couple se délite.
Lors de cet entretien, Stéphane indique que, dans la police, "les statistiques concernant les divorces sont très élevées". "Les collègues ne peuvent pas parler de leur mal-être, de leurs difficultés. Ils refoulent certaines choses, qui fait que, petit à petit, le couple se délite."
Commandement "inhumain"
"Souvent, on nous demande des choses qui sont complètement incohérentes", explique Stéphane, qui pointe notamment du doigt la politique du chiffre. "Policiers de terrain, on essaie de faire notre métier le mieux possible."En 2017, 51 policiers se sont suicidés contre 36 en 2016. En région parisienne, trois policiers ont mis fin à leurs jours en moins d’un mois.
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