Le septuagénaire soupçonné de l'assassinat de trois Kurdes en décembre à Paris, William Malet, a été condamné mardi à trois ans de prison par la cour d'appel de Paris pour l'agression de trois cambrioleurs en 2016, une peine plus lourde qu'en première instance.
Ce conducteur de TGV à la retraite de 70 ans a reconnu avoir ouvert le feu, le 23 décembre, devant un centre culturel kurde de Paris, faisant trois morts et trois blessés. Mis en examen pour assassinats et tentatives d'assassinats à caractère raciste, il a expliqué son geste par sa "haine pathologique" des étrangers et par un désir de vengeance et de célébrité posthume.
Le 21 mars, il avait comparu devant la cour d'appel de Paris pour répondre d'une affaire précédente : l'agression au couteau en 2016 de trois intrus surpris alors qu'il rentrait à son domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Deux d'entre eux avaient été grièvement blessés.
La légitime défense pas retenue
Loin d'appeler la police ou de "quitter les lieux", William Malet a "attaqué le premier", a "éteint la lumière", s'est "muni d'une arme bien plus létale" que les couteaux dont disposaient les trois agresseurs, une dague de 24 centimètres, a énuméré la présidente de la cour Nathalie Dutartre.
"Tout ceci exclut complètement l'état de légitime défense" plaidé par le prévenu, a-t-elle conclu.
"Vous n'étiez absolument pas dans une logique de peur mais au contraire d'animosité avérée", a expliqué la présidente au retraité, qui a pris connaissance du délibéré par visioconférence depuis son lieu d'incarcération.
La peine, qui prend en compte sa "dangerosité avérée", "indépendamment des autres procédures" en cours, est assortie d'une interdiction de port d'arme pendant cinq ans.
En première instance, en juin 2022, William Malet avait été condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bobigny.
Les cambrioleurs avaient aussi été condamnés
Les trois cambrioleurs, deux Algériens et un Marocain âgés de 21 à 28 ans, avaient eux aussi été condamnés à la même peine.
"Une incohérence", avait estimé l'avocate générale lors de l'audience en appel, réclamant "quatre ans d'emprisonnement" contre le septuagénaire.
À l'audience, Willam Malet avait expliqué que sa condamnation dans ce dossier, ressentie comme "injuste", avait constitué un point de bascule dans son obsession raciste, et que la confiscation de l'arsenal illégal retrouvé chez lui - allant de dagues anciennes à des fusils d'assaut - avait laissé "un grand vide" dans sa vie.
Il est également mis en examen pour avoir attaqué au sabre un campement de migrants à Paris en décembre 2021, blessant deux personnes dont l'une grièvement.
Source : AFP